Retour sur une des sorties choc de la fin 2012 côté manga : 2001 Nights Stories, de Yukinobu Hoshino.

L’objet lui-même est une surprise totale dans le monde du manga : publié par Glénat, 2001 Nights Stories se dévoile en deux volumes grand format (21 x 30 cm) réunis dans un coffret à tirage limité à 2001 exemplaires, comprenant un tiré à part numéroté, signé et dédicacé par Yukinobu Hoshino, pour 99€. Une initiative étonnante, d’autant que l’auteur, renommé au Japon, n’a fait qu’un passage éclair chez nous dans les années 1990 avec la publication d’une série courte, Le Trou bleu.

DES HISTOIRES UNIVERSELLES ET INDÉMODABLES

2001 Nights Stories est un hommage à la science-fiction et en particulier à 2001: l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. On retrouve ici ou là des références claires et judicieuses à ce film de 1968, mais là où s’arrête l’hommage commence une série ambitieuse où chaque histoire est une réelle réussite. Yukinobu Hoshino a créé 19 nouvelles sur 750 pages, entre juin 1984 et juin 1986. Ces petites chroniques de vie spatiale, plus ou moins intimes, ces parcours oniriques, ces expériences sensitives, ces expéditions à haut risque, ces récits solitaires, mystiques, techniques ou robotiques mènent à une belle réflexion sur le sens de la conquête spatiale.

Thème omniprésent : la solitude humaine. Une éternelle difficulté de vivre dans un monde si loin et différent de la Terre semble peser sur les épaules des personnages, des astronautes en quête de mondes habités, avec toujours l’image idyllique de leur planète d’origine en tête. Étrangement contemporains, ces récits saisissants sont ponctués de drames humains, et un spleen constant plane sur l’œuvre mais sans jamais la plomber.

UN GRAPHISME D’EXCEPTION

Sans sensationnalisme et avec une mise en page fluide, 2001 Nights Stories dépeint un monde hostile mais merveilleux. Les décors sont très travaillés, les vaisseaux parfaitement rendus, les planètes et autres corps stellaires très crédibles et détaillés. Bien que parfois un peu daté (quelques passages, détails ou visages), les dessins minutieux gagnent incontestablement à être présentés dans cette édition luxueuse. Loin des codes visuels classiques de la bande dessinée japonaise, ce récit développe un sens aigu de la narration. Le découpage simple, méticuleux et les grandes cases des planches offrent une lecture captivante et passionnante.

Le papier épais et mat, l’impression impeccable et le grand format offrent un confort de lecture idéal. Ces deux ouvrages comportent également deux grands posters et de nombreuses pages en couleurs de toute beauté. Il reste cependant un petit détail pour ce genre d’ouvrage de collection : on regrette la traduction partielle des onomatopées. Certaines sont entièrement retravaillées alors que d’autres sont seulement sous-titrées. Cet entre-deux indécis ne rend ni hommage aux choix de l’auteur, ni à l’homogénéité graphique de l’œuvre.

UN COFFRET COLLECTOR À SAISIR

Franchement, après avoir refermé ces deux volumes, on se demande pourquoi une telle perle du patrimoine japonais n’a pas fait parler d’elle avant 2012. Rares sont les BD qui traitent de l’espace avec autant de force, de beauté, de réflexion et de maturité ! Tout comme le très bon Planetes de Makoto Yukimura, ces récits de science-fiction tiennent le haut du pavé. Ainsi, ce manga a été sélectionné à juste titre au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2013 dans la catégorie Patrimoine.

Sur les 2001 exemplaires sortis, sachez que quelques volumes neufs sont encore disponibles dans certaines librairies. Les prix des ouvrages revendus en boutique et sur Internet ne se sont pas encore trop envolés: il est donc plus que temps de vous précipiter sur ce coffret, avant que la possibilité de vous le procurer ne devienne de la science-fiction !

2001 NIGHTS STORIES GENKEI BAN © Yukinobu HOSHINO, 2006 / Kobunsha

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