2017, année de la réédition manga (partie 1)
Année bénie pour les mangaphages, 2017 s’est montrée aussi riche en nouveautés d’exception qu’en rééditions d’oeuvres classiques, que cela soit sous forme de volumineuses intégrales ou de réactualisations plus fidèles aux versions originales. Retour sur quelques essentiels que toute bibliothèque idéale devrait comporter.
Machine qui rêve
C’est une icône cyberpunk absolue, du genre qui marque à vie – peut-être davantage encore que la Kusanagi de Ghost in the Shell. Gally, l’ange rouillée. Trouvée dans une décharge et rafistolée par un génial cybernéticien, la jolie cyborg, amnésique, arpente les bas-fonds et chasse les primes. Puis le bonheur. Avec son premier amour Yugo, elle vise non pas la lune mais Zalem, la cité interdite qui flotte dans le ciel. Quitte à y perdre quelques illusions…
En neuf tomes bien remplis, Kishiro a déployé l’une des oeuvres les plus radicales du genre, d’une violence sans compromis et d’une variété qui continue d’étonner. En quête d’elle-même, Gally passe de techno-guerrière à professionnelle du Motorball – dans une référence stéroïdo-vertigineuse au film Rollerball – et se reconvertit même temporairement en idole pop des bars enfumés ! Tour de force graphique réalisé entre 1990 et 1995, qui précède l’explosion de l’outil numérique (dont surabuseront les suites Last Order et Mars Chronicle), GUNNM est l’un des grands témoignages de son époque. On en trouve encore l’influence, aujourd’hui, dans Levius ou No Guns Life.
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GUNNM – édition originale.
Par Yukito Kishiro.
Publié originellement au Japon en 1990–1995.
7,60€, Glénat, 6 volumes parus sur 9.
Ce qui change :
• Sens de lecture original
• Pages couleurs
• Couvertures fidèles aux originales
• Nouvelle traduction (un peu plus lourde, avouons-le)
• Onomatopées originales sous-titrées, pour un effet plus sobre
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Back to school
Au début des années 2000, l’ultra référentiel Great Teacher Onizuka (GTO) et ses nombreuses pages de lexique ont servi de baie vitrée sur la culture japonaise – ses us et coutumes, ses clichés, ses travers – à toute une génération de lecteurs francophones. Au-delà de la totale immersion, l’oeuvre de Fujisawa a aussi déployé un humour à l’approche osée, génialement trash, ouvrant la voie aux gags sans limites d’un Detroit Metal City.
Désormais, l’univers d’Eikichi Onizuka – né en 1991 dans Shonan jun ai gumi, alias Young GTO en France, également réédité en ce moment – s’est transformé en marque à part entière et n’en finit plus de s’étendre en spin-offs (citons Shonan Seven). Mais rien ne convainc jamais autant que ces 25 volumes cultes, récit d’un quotidien lycéen tour à tour émouvant, hilarant, électrisant… et parfois les trois en même temps, dans un tourbillon de « WTF » complet dont l’auteur garde le secret.
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Great Teacher Onizuka – édition 20 ans.
Par Tôru Fujisawa.
Publié originellement au Japon en 1997–2002.
6,95€, Pika, 4 volumes parus sur 25.
Ce qui change :
• Nouveau design de couvertures (malheureusement)
• Prix : les 4 premiers tomes sont disponibles pour 3€ chacun (jusqu’au 31 août 2018)
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Le retour du roi
Il y a Blade Runner de Ridley Scott, Neuromancien de William Gibson et Akira de Katsuhiro Otomo. Cette sainte trinité, c’est celle du boom cyberpunk au début des années 1980. Si l’émergence simultanée des trois monuments tient possiblement de l’accident (heureux), on ne peut pas nier l’influence de la revue Métal Hurlant sur cette mutation des univers SF. Et notamment celle de son illustre co-fondateur Moebius, dont on retrouve un évident héritage dans Akira – on connaît l’admiration mutuelle que se sont portée ces deux artistes majeurs de la BD et le magnum opus d’Otomo reflète triomphalement ce lien sans frontières.
Il y aurait mille autres lectures à faire des révoltes croisées de Kaneda et Tetsuo, dans cette Neo-Tokyo post-atomique qui ne cessera d’être défigurée. Et ce, dans des planches époustouflantes qui, maintenant encore, ont de quoi calmer les meilleurs auteurs contemporains. Akira, oeuvre-somme, restera éternellement pertinente : on peut se risquer à parler de manga le plus important de tous les temps.
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Akira – édition originale.
Par Katsuhiro Otomo (Grand Prix 2015 du Festival d’Angoulême).
Publié originellement au Japon en 1982–1990.
14,95 €, Glénat, 2 volumes parus sur 6.
Ce qui change :
• Sens de lecture original
• Jaquettes originales
• Nouvelle traduction
• Onomatopées originales sous-titrées, pour un effet plus sobre
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