4 revues BD haut de gamme à découvrir
Aux côtés de La Revue dessinée , Papier ou Mon lapin, la tendance se confirme en cette fin d’année. Des revues ou magazines viennent d’éclore, d’autres s’affirment, à la croisée de l’art et de la BD. En kiosque ou en librairie, la nouveauté se conjugue à la qualité. Plaisir garanti !
Kaboom : l’ambitieux
Jeune magazine à la ligne éditoriale exigeante, Kaboom existe en kiosque depuis un an. Et désormais, aussi, en librairies spécialisées, en France ou au Japon, et sur tablette. Trois numéros, variés et ambitieux, ont déjà paru. Entre la rigueur journalistique et l’approche universitaire, le périodique livre un contenu de choix : analyses érudites mais accessibles, articles de fond, avant-premières, passionnantes interviews « croisées » ou entretiens fleuves (Chris Ware, Chip Kidd, Vaughan, Tardi-Guibert, Clowes-Mezzo-Pirus). Dans Kaboom, les regards se croisent, les influences sont mises en perspective, parfaits échos de « la bande dessinée comme point de départ vers le monde ».
Détaché de l’urgence et de l’abondance des sorties, il offre un contenu de haut niveau qui creuse la spécificité du médium sans en négliger sa diversité, de la culture manga aux super-héros, en passant par l’édition indépendante. Les débuts sont étonnants et prometteurs : outre un premier numéro écoulé à 50 000 exemplaires, la rédaction annonce un rythme de parution trimestriel. Le bien-nommé Kaboom est le coup de frais qu’on attendait dans le paysage plan-plan de la presse BD. Plutôt la qualité que la quantité. On s’en réjouit.
Kaboom, #3, 6.95€, 120 pages, novembre 2013-janvier 2014
Aaarg! : le révolté
Dans un registre bien différent, Aaarg ! est une nouvelle revue grand format bimestrielle, vendue en kiosque et librairie. Moins un magazine qu’un véritable livre, il est dédié à des genres de la culture populaire souvent dénigrés ou en marge : SF, fantastique, polar. Aguichant design old-school, édition soignée, livre épais. Une certitude, le volume est un bel objet, fait pour être collectionné. Pour le contenu, les BD de 30 pages, qui en sont le cœur, manient une réjouissante veine satirico-politique mélangeant humour et révolte, pas loin de glorieux aînés (Métal Hurlant).
On y croise l’humour tendre et féroce de Fabcaro, ou rentre-dedans de Goupil Acnéique, les saillies amorales d’Olivier Texier, de la SF enlevée et décalée avec Pixel Vengeur, du romantico-punk exubérant par Pierre Bunk. Des coups de gueules aussi, des zooms sur des artistes (Il Gatto, Laurent Durieux), des humeurs… Aaarg ! puise sa matière dans la critique sociale, alterne strips, interviews, dossiers et agenda de sorties. L’originalité ici : quatre nouvelles ! En cadeau, de délicieuses affiches vintage par Loïs et Kieran et des bonus internet. De surcroît, le comité de rédaction revendique une totale indépendance financière et créative. Voilà donc un premier numéro original, dense et attrayant, avec des récits de plutôt belle qualité, mais qui s’éparpille un peu. On lui souhaite de trouver son public car le potentiel est là, l’ambition aussi. Mais le style doit encore s’affiner.
Aaarg ! #1, collectif, 14.90€, 160 pages, novembre-décembre 2013
Nobrow et Nyctalope : les élégants
Nobrow et Nyctalope sont deux revues contemporaines de création, partageant une même ambition artistique : expérimenter, trouver de nouvelles formes de narration par l’image et faire connaître les talents émergents.
Pilotée depuis 2007 par trois jeunes auteurs – Marion Fayolle, Simon Roussin et Matthias Malingrey –, Nyctalope se pose comme un recueil éclectique de dessins, gravures, illustrations, cabochons et petites BD, où intervient un large collectif embrassant des styles d’avant-garde. Au menu, surréalisme fécond, situations détournées, illustrations troublantes, onirisme et aventure. L’ambition est expérimentale, à la croisée de l’art et de la BD, chaque opus étant pensé comme « un laboratoire d’expériences plastiques ». Entre couleurs chatoyantes et noir et blanc stylé, les six numéros sont tous de petites merveilles visuelles. En prime, des éditions ultra soignées, sublimées par des couvertures sérigraphiées du plus bel effet.
Nyctalope #6, collectif, 18€, janvier 2013, Nyctalope #7 à paraître, janvier 2014
Nobrow, lui, ne s’éloigne guère de ce chemin novateur. Dans des livres grand format de 120 pages environ, la revue est la vitrine de l’éditeur anglais éponyme. Là aussi une pléthore de jeunes créateurs (Luke Pearson, Joseph Lambert, Jon McNaught, Tom Gauld), mais aussi des auteurs confirmés ou des références (Blexbolex, Anders Nilsen, Joost Swarte) issus pour la plupart de l’illustration et des arts graphiques. Huit numéros en deux ans, du style, de l’élégance et de la recherche. La nouveauté ici, un livre à double couverture, qu’il faut retourner arrivé au milieu. Singulière par son approche visionnaire d’un médium en mouvement, Nobrow brille aussi par son inventivité mise au service du récit. Deux paris réussis, deux véritables concentrés de raffinement créatif pour amateurs d’audaces formelles. À découvrir.
Nobrow #8, collectif, 18€, Hystéria Illustration, mai 2013
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n’oubliez pas non plus Alimentation Générale, chez Vide Cocagne : http://videcocagne.fr/boutique/alimentation-generale/79-alimentation-generale-5.html
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Ha mais c’est prévu cher Fabien, et pour un article à part en plus !
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Et puis la revue JADE qui a lancé sa nouvelle formule en janvier (avec deux numéros parus cette année): http://www.pastis.org/jade/2013-07-12/jade166U.htm
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