4e Pulp festival : du son sur les images
Du vendredi 21 au dimanche 23 avril 2017 se tiendra la 4e édition du Pulp Festival dans la très pittoresque Ferme du Buisson. À quelques stations de RER de Paris (Noisiel), ce lieu atypique met en scène, le temps d’un week-end, la bande dessinée au croisement des arts. Expositions, performances, spectacles, librairie, rencontres, ateliers : un programme complet où tous les curieux devraient trouver leur bonheur.
La soirée d’inauguration promet un moment de partage grâce à la « sculpture sociale » de Muma (artiste catalano-suisse). Avec une centaine de volontaires, il éclairera le festival de 20 000 bougies, reconstituant un dessin original de Cosey.
Muma : « J’ai rencontré Cosey en Suisse, nous avons réalisé ensemble « Lumières tibétaines » au festival de Lausanne en 2014. La vision d’ensemble sera photographiée mais le plus important c’est le processus de création, l’implication des volontaires, la magie qui se déploie quand la foule est en contact avec le feu. »
Bien sûr, le froid qui est revenu depuis quelques jours met en danger son œuvre éphémère. Mais Muma vit la chose avec philosophie : « En 20 ans, il nous est arrivé une seule fois de ne pas parvenir à allumer les bougies. L’air libre est un terrain cruel. C’est ce qui fait la beauté de ce spectacle : il n’est pas garanti. »
Cinq spectacles sont programmés , animant les journées de 11h à 21h30. Animal Moderne, dont Bodoï a pu voir une répétition, est une création de Philippe Dupuy et Arthur B. Gillette qui promet d’être déjantée, musicale, poétique et bricolée.
Philippe Dupuy : « Nous sommes partis du film Brazil de Terry Gilliam, qui m’a laissé une forte impression avec cet État qui veut prendre en charge le bonheur des gens. Avec aussi des attentats, la bureaucratie… Ce n’est pas sans m’évoquer notre société actuelle. Pour ce spectacle, nous avons établi une structure, des chansons, des techniques de dessin mais ce sera comme un concert où tout peut arriver, jusqu’à l’effondrement total, comme dans Brazil. »
Joué par 4 dessinateurs, des musiciens, des comédiens et même une chorale d’enfants, composé sans vidéo mais avec des rétro-projecteurs à l’ancienne, le spectacle, qui est joué trois fois, ne sera pas trois fois identique.
Au delà de l’ambiance festivalière du week-end, les cinq expositions sont visibles dès le 21 avril jusqu’au 14 mai.
« Un Piano oriental » de Zeina Abirached, est l’exposition la plus immersive. À travers un parcours assez court dans quelques pièces toutes en noir et blanc (reflet de son style graphique), le visiteur découvre l’univers sonore du livre Le Piano oriental sorti en 2015 aux éditions Casterman.
Zeina Abirached : « Dans ce livre j’ai raconté comment mon grand-père a inventé et fait réaliser un piano capable de jouer à la fois de la musique occidentale et orientale. »
À travers une sélection de planches et de textes, grâce à quelques photos et à un enregistrement original de son grand-père, nous entrons dans l’intimité de la création et en mesurons sa singularité. Mais la surprise qui nous attend au rez-de-chaussé est le véritable moteur de cette exposition. « Quelques temps après la publication de mon livre, raconte l’auteure, un facteur de piano de Tournai, en Belgique, m’a contactée pour avoir des détails sur le piano. Je l’ai mis en contact avec ma famille et il en a examiné le mécanisme. » Le résultat se trouve devant nous : un magnifique piano à queue capable de jouer des deux « langues ». Plusieurs lectures musicales sont prévues, comme point d’orgue de cette exposition intime et chaleureuse.
Dans un autre registre, Nicolas de Crécy recrée une exposition montée au Quartier, à Quimper, avec le soutien du Fonds Hélène et Edouard Leclerc (FHEL). L’exposition s’ouvre sur une pièce qui réjouira les bédéphiles puisque Nicolas de Crécy a eu carte blanche pour sélectionner dans la collection personnelle de Michel-Edouard Leclerc, les planches originales qu’il identifie comme des influences, conscientes ou inconscientes, à son œuvre. La deuxième partie offre une plongée dans ses albums avec l’émergence inquiétante d’un personnage extrait du Bibendum Céleste.
Dans la dernière partie, Le Manchot Mélomane, cœur de l’expo, l’auteur déploie une œuvre plastique multiforme autour de la vie de Paul Wittgenstein : un pianiste amputé de la main durant la Première Guerre mondiale, qu’il met en résonance avec les écrits de son frère Karl, le célèbre philosophe. Une installation complète, sombre et ludique.
Nicolas de Crécy : « J’ai créé ces œuvres en 6 mois dans mon atelier. J’ai fait appel à des experts pour le travail sur le piano et pour la gravure. L’idée de travailler sur la vie de ce musicien est venue d’une conversation avec un animateur de France Inter. C’est lui qui m’a parlé de Paul Wittgenstein dont le destin lui évoquait mon personnage de manchot mélomane dans « La République du Catch ». »
Dans les autres lieux, ne manquez pas l’exposition de Liv Strömquist (Les Sentiments du Prince Charles), qui fera le déplacement de Suède durant le festival. Exposition dérangeante et drôlatique inspirée des ses albums sur le sexe féminin.
Enfin, plongez-vous dans le parcours amusant imaginé par François Olislaeger, autour de son alter-ego dessiné. Il commente: « C’est intéressant de voir son personnage résister à la dimension exposition. » La preuve en image ci-dessous.
__________________________
Pulp Festival 2017.
Du 21 au 23 avril. À la Ferme du Buisson, à Noisiel.
Expos, spectacles, cinéma, rencontres… Expos à 3-5 €, spectacles 4-17 €. Toutes les infos ici.
Photos © Mathilde Guégan pour BoDoï
__________________________
Publiez un commentaire