5e Pulp Festival : sumos, Druillet et BD cul
L’édition 2018 du Festival Pulp confirme sa vocation d’arpenter toujours plus avant la frontière entre bande dessinée et spectacle vivant. À La Ferme du Buisson (Scène nationale, à Noisiel), les auteurs se retrouvent sur scène et leurs œuvres sortent des cases grâce à des scénographies toujours plus immersives. C’est ce que le public francilien pourra découvrir durant le temps fort du festival ce week-end (les 6, 7 et 8 avril) et durant le temps des expositions (jusqu’au 21 avril).
S’il y a une exposition qui doit vous inciter à vous rendre à Noisiel ce week-end, c’est certainement celle de David Prudhomme, intitulée « Sumos ». Invité au Japon il y a quelques années, l’auteur a eu le privilège d’assister à un tournoi de sumo. Sur place il s’est surtout « mis les attitudes dans le crayon ». Mais en rentrant, il avoue s’être « un peu abîmé dans le sujet ». Parti pour réaliser quelques dessins dans le cadre d’une exposition collective, on lui propose finalement de remplir 600 m2 d’exposition. « Durant 3 mois, je me suis mis à produire et la machine est partie.«
L’exposition, dont la scénographie a été crée pour le Festival Pulp donne à voir un travail de dessinateur passionnant, riche de nombreuses techniques, jouant avec les volumes, les masses et les symboles. Pour plus de détails, voir l’interview qu’il a donné sur le site français du sumo.
L’autre exposition phare est celle de Philippe Druillet à qui le festival consacre une rétrospective. Plus classique dans son accrochage, elle est principalement constituée des pièces de la collection de Michel-Edouard Leclerc. Depuis la première pièce où sont présentées ses influences, le pétillant auteur de 73 ans clame : « Je dois ma carrière à Goscinny parce qu’à l’époque, je rentrais par la fenêtre et je sortais de partout. »
L’intérêt de l’exposition tient dans les planches originales qui sont de très grandes taille : « J’ai découvert que j’avais besoin de grands formats car ma main va très vite. » Cette virtuosité est révélée dès la deuxième salle consacrée à l’architecture. Devant une chaise sculptée qu’il a réalisée avec sa galerie, il fanfaronne : « Pour un fainéant, j’ai pas mal travaillé ! » Il s’extasie devant l’ombre perlée de lumière qui se dessine sur le sol avant de conclure en se levant du trône : « La prochaine fois je fais des toilettes. »
La visite se poursuit, passant de son travail pour Rock & Folk (« avant c’était sex, drug & rock’n’roll, maintenant c’est la tisane ») à ses affiches pour le cinéma, jusqu’à la salle intitulé « Cosmos », qui le propulse au-delà de la bande dessinée, dans un univers pictural qui évoque la géométrie des artistes de graffiti. « J’étais dans un délire complet quand j’ai fait ça. J’ai travaillé jour et nuit. J’ai produit 40 œuvres. Je suis très content de ça. Il y avait des formats de 3 mètres. On peut ne pas aimer mais moi je suis content de ça ».
Ce n’est pas sans émotion qu’il parcourt du regard son œuvre et conclut : « J’ai la chance de pouvoir transformer la souffrance en quelque chose de positif. C’est un bonheur intense et c’est une thérapie. »
Des expositions il y en a vraiment pour tous les goûts pour ce 5e Pulp, avec, dans les anciennes écuries, une carte blanche à la bande dessinée libanaise : 4 auteurs et 4 autrices investissent chacun un box. La jeune et l’ancienne garde se côtoient, mais ce qui les rassemble, selon Vincent Eches, le directeur de la Ferme du Buisson, c’est leur rapport à la guerre.
Dans l’exposition de Florence Cestac, la guerre est déclarée à tout ce qui est sérieux.
Enfin, dans l’antre de « BD Cul » (la collection coquine des Requins Marteaux), les éditeurs se font plaisir en vous invitant dans leur univers où blagues de cul et humour potache se chevauchent, dans un véritable pied de nez à la culture d’entreprise propre sur soi. La grande salle vaut vraiment le coup d’œil et leurs petites blagues sur posts-it régalent.
Contrairement aux expositions il est difficile de donner un avant-goût des spectacles vivants. Cyril Pedrosa se produira sur scène (au dessin) dans une mise en scène expérimentale et forte de Mikaël Serre, autour de l’album Trois ombres. Et dans une facture plus classique, l’adaptation de Zaï Zaï Zaï Zaï intéressera sûrement les nombreux fans de Fabcaro.
Publiez un commentaire