Par Guy Delisle. Delcourt, 22,50 €, le 16 novembre 2011.

Après avoir décrit de l’intérieur la vie en Chine (Shenzen), en Corée du Nord (Pyongyang) et en Birmanie (Chroniques birmanes), l’infatigable globe-trotter Guy Delisle raconte ici son année à Jérusalem-Est. Une année à voir grandir ses enfants à l’ombre du mur enclavant les Palestiniens, une année à visiter une ville millénaire de toute beauté, une année pour comprendre pourquoi tout est si compliqué sur cette terre en guerre perpétuelle.

Avec son talent et son humour habituels, Guy Delisle promène sa carcasse de candide et son regard aiguisé dans les rues, les colonies et les sites plus ou moins incontournables d’Israël et de Palestine. Il en ressort un livre dense et drôle, entre journal intime, guide touristique, et reportage en immersion. L’auteur québécois, installé désormais en France, gratte le vernis des images habituelles du conflit du Proche-Orient, sans chercher à accuser qui que ce soit, mais juste à montrer ce qu’il voit et ce qui l’étonne. Et s’il n’hésite pas à écrire de longs paragraphes pour situer le contexte et l’histoire des lieux qu’il visite, il n’est jamais aussi fort que quand il laisse parler ses images; son passage d’un checkpoint à pied, sous les couloirs grillagés et les barbelés évoque immanquablement un autre univers concentrationnaire… Mais en homme discret et en auteur distancié, il se laisse aussi le temps de raconter avec une vraie drôlerie ses mésaventures quotidiennes de dessinateur dans un pays qui en conte finalement assez peu.

Au final, la grande force de Chroniques de Jérusalem est de faire le point de manière claire, ludique, pédagogique et intelligente sur une des zones de conflit les plus complexes du globe. Et rien que cela, c’est un exploit.

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