Les éditions du Chêne ont eu l’heureuse idée de publier les Carnets de Kyoto de Nicolas de Crécy, un très beau livre issu du travail réalisé lors d’une résidence au Japon en 2008.

À l’instar d’Emmanuel Guibert en 2007, ou de Winshluss l’an dernier, le Français Nicolas de Crécy a été invité en résidence d’artiste à la villa Kujoyama (Institut français) de janvier à mai 2008. Il en ramené des carnets de croquis et d’aquarelles, de Kyoto et ses environs, mais aussi de Tokyo. Qu’on retrouve dans les pages de ce bel album, format à l’italienne, publié par les éditions du Chêne.

Le livre s’ouvre par un chapitre introductif illustré de jolies photos personnelles, dans lequel l’auteur de Salvatore ou du Bibendum céleste évoque les circonstances de ses visites, détaille ses impressions, note ce qui l’étonne ou l’amuse, commente sa vie d’artiste en quête de sujets à peindre. « Quel bonheur pour l’oeil exercé de constater la qualité de l’environnement graphique », s’enthousiasme-t-il devant les mille chose qui s’offrent à son regard d’Occidental.  Nicolas de Crécy parle de la gastronomie, des supermarchés (« stratégiques pour voir vivre le Japon »), du bestiaire fantastique nippon, des paysages, du silence de la montagne, de Miyazaki… « Le train, éclairé de l’intérieur, passe devant la barrière jaune et noire et les signaux lumineux avant de s’engager dans un tunnel creusé dans la paroi de la montagne. C’est à ce moment, curieusement, que je ressens toute la poésie du Japon, à cet instant où l’atmosphère, la beauté du lieu, la lumière et la texture particulière de l’air me saisissent. »

Ensuite, plus de texte. Seulement des légendes aux reproductions de ses dessins réalisés à Kyoto et Tokyo, aquarelles parfaitement reproduites en pleine page, croquis tremblant au crayon tentant de saisir l’architecture et la vie d’un quartier, scans de grande qualité de double-pages d’un carnet… Les immeubles, les intérieurs, les portraits de Japonais, les forêts et les montagnes, tout ici paraît calme et propice à l’irruption de la magie. Ce que Nicolas de Crécy ne se prive pas de faire, introduisant ici ou là quelque créature fantastique. Son trait à la fois aérien et précis, tout en retenue et extrêmement évocateur, offre du Japon une vision à la fois familière et fantasmée. Un ouvrage classieux, qui séduira autant les fans de l’auteur que les amoureux de l’archipel.

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Carnets de Kyoto.
Par Nicolas de Crécy.
Chêne, 35,90 €, mars 2012.

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