Marc-Antoine Mathieu n’est plus à un projet fou près. Lyon BD lui a proposé d’investir le couloir d’un parking sous-terrain, proche des quais du Rhône, pour y créer une exposition. Il a relevé le défi en installant « Le Sel et le Ciel », une histoire originale qui prolonge son univers tout en s’inspirant des lieux.

L’auteur de Julius-Corentin Acquefacques ou Otto propose à Lyon, jusqu’au 21 juillet, puis du 14 au 29 septembre, seulement les samedis et dimanches, une exposition composée de grandes affiches collées sur les murs du parking de la Fosse aux ours. Attention, pas entre les voitures garées. Non, simplement le long d’un couloir menant des quais du Rhône (l’entrée se fait sous le Pont de La Guillotière) à la porte du parking lui-même. Ces affiches sont autant de cases d’une histoire créée pour l’occasion, muette, en noir et blanc. Dans un désert, des hommes élastiques et sans trait déterrent un ouvrage, en bois visiblement, et découvrent des humains comme fossilisés, figés. Puis ce qui se trouve être la structure d’un bateau s’envole…

Il est ici question de temps, d’espace, de l’humain et de l’infini. Mais aussi de l’Histoire de l’humanité, dans un grand tout. En prolongeant d’une nouvelle manière son univers désertique peuplé de personnages aux membres comme des tiges végétales, vu dans S.E.N.S. ou 3 rêveries, Marc-Antoine Mathieu creuse par ce court récit ses réflexions poétiques, philosophiques et esthétiques, tout en s’appuyant sur le lieu lui-même – après tout, il est aussi scénographe. Ainsi, le fameux bateau fossile est directement inspiré d’une barque du XVIIIe siècle, trouvée à Lyon lors de la construction d’un autre parking, et présentée de manière permanente ici, au bout de l’histoire de Marc-Antoine Mathieu.

Voilà donc une installation originale, dans un lieu insolite, à laquelle s’ajoute une petite salle présentant quelques originaux de l’auteur et une vidéo de dessins créée pour un précédent projet – cet espace bonus souffre d’un manque d’explication et de mise en contexte, donc est finalement assez dispensable.

Photos © BoDoï