Aâma #4
C’est la fin du voyage pour Verloc, ou du moins ce qu’il en reste. Car cet humain trop humain, rétif à toute manipulation de son corps par les technologies, est devenu l’hôte malgré lui d’Aâma, projet scientifique dont la dimension et la portée, gigantesques, vont enfin être révélées.
À la lecture du premier volume de cette série, déjà formidable, on n’entrevoyait toutefois pas vraiment tout son potentiel. Car il s’attachait davantage à la construction des personnages, à leur portrait psychologique finalement décisif par la suite. Suite qui n’a cessé d’éblouir par son ampleur, sa vision fine et pertinente, sa mise en danger narrative et graphique, bref son ambition globale, dans le fond comme dans la forme. En effet, Frederik Peeters va ici au bout de son idée, l’exploration d’une nouvelle voie d’évolution pour l’espèce humaine, nécessairement faite de technologie et de folie scientifique. Par son scénario habilement construit, il entretient un vrai suspense dans cet ultime tome, jouant parfaitement sur trois tableaux : la montée en charge émotionnelle vers une apothéose bouleversante, la bataille finale extrêmement spectaculaire, et une conclusion de SF poétique, digne des meilleurs romans du genre. Surtout, quand on regarde dans son ensemble cette oeuvre récompensée au festival d’Angoulême, on constate que c’est celle d’un auteur de tout juste 40 ans qui a franchi un vrai palier, notamment dans son dessin – d’une justesse dans le mouvement, le niveau de détail et d’expressivité nécessaire, la synthèse entre un style affirmé et une ligne accessible. Venant s’ajouter aux déjà magnifiques Pilules bleues, Les Miettes, Lupus, Koma, Pachyderme ou Château de sable, Aâma pose simplement Frederik Peeters comme l’un des auteurs les plus doués de sa génération.
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