Abécédéria ***
Par Blexbolex. Les Requins Marteaux, 9 €, le 30 août.
S’ils avaient su, ils n’auraient pas mis les pieds dans cet enfer. Deux frangins truands – en cavale – pensaient s’en tirer en se terrant en Abécédéria, sorte de république bananière isolée. Mais ce qui devait être leur refuge pourrait bien être leur tombeau. Ce livre est une curiosité magnifique, comme la plupart des ouvrages de Blexbolex, dont on croise régulièrement les illustrations dans la presse. Composée d’un grand dessin et d’un récitatif, chaque page d’Abécédéria intègre une lettre de l’alphabet, qui devient la colonne vertébrale de l’image. On délaisse toutefois très vite cet abécédaire pour adultes pour pénétrer totalement dans ces figures hautement évocatrices. Avec ses couleurs denses et ses transparences classieuses, les compositions de Blexbolex évoquent un graphisme publicitaire suranné, mais leur contenu souvent dérangeant rappelle aussi le travail de Blanquet. Un roman noir à la sauce glauque, par un des illustrateurs les plus talentueux du moment.
Benjamin Roure
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