Par Renaud Dillies et Régis Hautière. Dargaud, 13,95 €, le 3 juin 2011.

Abélard est jeune poussin naïf, qui n’a jamais quitté son marais. Il se pose des questions sur le vaste monde, mais tous ses copains le découragent d’aller le courir. Trop de bruit, trop de mauvaises intentions, trop de souffrances. Mais quand il est frappé par la foudre de l’amour pour une jolie baigneuse, il se doit d’aller lui décrocher la Lune, ou au moins quelques étoiles. Direction alors l’Amérique, là où on fabrique des engins pour atteindre les cieux…

Ce premier tome (sur deux) du voyage initiatique d’un poussin tout juste sorti de l’oeuf est plein de douceur et de poésie, mais n’évite pas les sujets durs pour autant. En effet, Régis Hautière (Yerzhan, Pour tout l’or du monde, Accords sensibles, De briques et de sang…) évoque le rejet de l’autre (les gitans, notamment), les violences faites aux femmes, les mensonges qui pourrissent la vie des habitants de cette planète. À partir de ce schéma classique (un personnage innocent n’imagine pas qu’on puisse faire du mal, et apporte un peu de joie autour de lui), le scénariste construit un beau récit jamais niais, et parsème ses cases de dialogues savoureux. Cet univers colle à merveille à celui du dessinateur Renaud Dillies (Bulles & Nacelle) et de son coloriste Christophe Bouchard, qui portent la bande dessinée animalière à des hauteurs rares, comme un Carlos Nine en plus enfantin. Le trio réalise donc un album attachant et d’une beauté singulière, qui pourra plaire aux petits comme aux grands.

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