Par Denis Bajram et Valérie Mangin. Dupuis, 15,50 €, le 23 mars 2013.

Troisième et dernier volet de la vertigineuse trilogie imaginée par Valérie Mangin. Et quel vertige! Si le premier tome était  plein de promesses, et le deuxième un peu en dessous (mais important pour la construction générale), c’est ce dernier opus qui donne tout son relief à la série. Une série qui s’impose comme un superbe exercice de style scénaristique. Après un volume sur Balzac poursuivi par un mystérieux écrivain révélant ses secrets les plus noirs, un autre sur le cinéaste Clouzot tournant un film sur Balzac et virant parano, voici l’histoire de la jeune Valérie Mangin elle-même, brillante étudiante en histoire, travaillant sur une thèse sur Balzac et découvrant par hasard des BD qui ne sont pas censées exister : les deux premiers tomes d’Abymes…

Le défi est relevé et le résultat dépasse même les espérances. Car au-delà de l’idée de la mise en abyme, tenue jusqu’au bout, Valérie Mangin prend des risques en mettant en scène sa vie, ses années d’études dépressives, sa rencontre et son grand amour avec Denis Bajram – qui la convainc de devenir scénariste de BD –, leur vie commune… Elle s’imagine en personnage de bande dessinée, et ça marche! Alors bien sûr, son idylle avec Bajram sonne un peu trop hollywoodienne (mais c’est mignon), sa description du petit milieu de la BD ne parlera pas tellement aux néophytes, son final aura un goût peut-être trop grandiloquent pour certains… Mais l’ensemble est tellement bien conçu, osé et léché (le dessin-peinture de Bajram sur ce dernier tome, tout en nuances et en légèreté, est un pur bonheur), que ces quelques menus défauts passeront pour un simple débordement de sincérité et d’excitation. Excitation qui ne quitte pas le lecteur jusqu’à la dernière page. Du très beau boulot.

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