Acheteur de BD, qui es-tu ?
Le Syndicat national de l’édition (SNE), via son groupe BD, a lancé une vaste étude auprès des acheteurs de bande dessinée. L’occasion de brosser le portrait du client type de librairie.
Plutôt une femme, jeune quadra, CSP+, avec un pouvoir d’achat livres élevé. Voilà en résumé le portrait robot de l’acheteur de BD. Bien sûr, il est issu d’une moyenne réalisée par le recueil de données auprès d’un large panel de 15000 personnes de 10 ans et +, par l’institut GfK. Si on regarde plus finement les résultats de cette étude, dévoilée en partie en juin aux Rencontres nationales de la librairie et en totalité cet automne, on peut dégager plusieurs portraits plus conformes à la réalité.
Un marché global en hausse
Au niveau général, GfK annonce 8,4 millions d’acheteurs de BD en France, et un chiffre d’affaires BD en hausse de 20% en dix ans, porté principalement par l’explosion du comics (+275% !) et de la jeunesse (+78%), et dans une moindre mesure de la « BD de genres, dont romans graphiques » (c’est-à-dire le gros de la BD ado-adulte occidentale, aventure, historique, polar, SF, humour, non-fiction…), avec une progression de 15%. En chiffre d’affaires, sur dix ans, le manga montre son plafonnement, avec une hausse de seulement 3%.
Cette augmentation significative des ventes est portée en bonne partie par les librairies, généralistes ou spécialisées, qui sont le canal de distribution privilégié pour les romans graphiques (à 62% contre les autres canaux, comme les grandes surface spécialisées ou Internet) et même pour le segment à la mode des biographies/non-fiction/fictions contemporaines (mais pas les BD de genre, plutôt vendues dans les grandes enseignes).
GfK remarque aussi que l’acheteur de BD est tout simplement un gros consommateur de livres, avec un budget livres moyen annuel de 200 euros, contre 160 euros pour l’acheteur de littérature. Et qu’il achète aussi autre chose que des BD.
Dis maman, tu m’achètes un manga ?
Mais l’acheteur dans tout ça, qui est-il ? Parlons plutôt d’acheteurs, au pluriel. Ainsi, l’étude GfK pour le SNE confirme certaines intuitions logiques, tout en apportant des précisions intéressantes. Au global, les acheteurs de BD sont plus jeunes, plus mixtes, plus aisés et ont plus souvent des enfants (et donc achètent plus souvent pour offrir) que les acheteurs de littérature générale. En différenciant par grande famille (mangas, comics, franco-belge), des disparités se font évidemment jour.
Côté mangas et comics, les lecteurs sont plus jeunes : moins de 34 ans de moyenne d’âge, et plus du tiers des acheteurs dans la tranche 15-29 ans. 60% d’acheteurs hommes pour les comics, contre 46% pour les mangas. Globalement, la BD japonaise est surtout achetée par des femmes, même le shonen. Mais on peut y voir aussi un achat de mère pour ses enfants, notamment en shojo pour lequel seuls 35% des achats le sont pour soi et 69% des acheteurs ont des enfants. Merci qui? Merci maman.
En franco-belge, la moyenne d’âge des acheteurs est nettement plus élevée, à plus de 42 ans. Et même 40% des acheteurs de BD de genre ont plus de 50 ans et 40% n’ont pas d’enfants au foyer. Néanmoins, on remarque que chez les gros acheteurs (plus de 6 BD par an), les différences d’âge sont moins marquées: alors que 38% des acheteurs de franco-belge ont plus de 50 ans, les gros acheteurs se répartissent presque équitablement parmi les trentenaires, les quadra et les plus de 50 ans. Même tendance côté manga.
Les comics, un truc de mec
Les acheteurs, c’est une chose, les lecteurs, c’en est une autre. Car si papa et maman (enfin, surtout maman) achètent des BD, ce sont les enfants et ados qui en lisent une bonne partie – même si on peut penser que, parfois, les parents dévorent, plus ou moins en cachette, les volumes de leur progéniture. Comme prévu, les différences entre acheteurs et lecteurs sont très prononcées pour le manga : si les plus de 30 ans représentent 43% des acheteurs, ils ne pèsent plus que 17% des lecteurs ! Les 10-14 ans comptent ainsi pour 20% des lecteurs de mangas, les 15-29 ans pour 63%…
Pour les comics, la répartition par âge chez les acheteurs et lecteurs est relativement équivalente, le gros de la cohorte se concentrant sur les tranches 15-29 et 30-39. En revanche, si un tiers des acheteurs sont des femmes, elles ne sont plus que 12% des lectrices… En franco-belge, la répartition par âge est plus homogène et les lecteurs plus nombreux que les lectrices. Sur le segment jeunesse, les acheteuses sont largement majoritaires (63%) tandis que les lecteurs, c’est logique, ont pour un quart d’entre eux moins de dix ans.
GfK conclut son étude par un focus sur les ados et jeunes adultes, qui sont de gros acheteurs de BD/comics/mangas, dans le sens où ils achètent plus de ces livres-là que la moyenne des Français. L’institut relève enfin une féminisation du lectorat dans la tranche 18-25 ans, alors que, tous âges confondus, les lecteurs sont plutôt des hommes. Et parmi les acheteuses, les 18 ans et plus, elles sont 64% à acheter une BD pour autrui. Merci qui déjà ?
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