Adieu triste amour
Dessinatrice française installée à Montréal avec son petit ami canadien auteur de BD, Cléo fait la rencontre d’une consœur, Farah, lors d’un festival en France. Elles sympathisent, échangent sur leurs vies… Jusqu’à ce que Cléo prononce le prénom de son compagnon, Charles. L’autre fille se trouble et s’éloigne – quelque chose cloche, comprend Cléo. Essayant d’en savoir plus, elle se heurte à l’évitement des amis de Charles, et à la virulence de ce dernier… Celui-ci est-il aussi charmant qu’il y paraît ? Peut-elle encore lui faire confiance ? Et que s’est-il vraiment passé avec Farah ?
Il y a deux histoires dans Adieu triste amour. La première est celle d’une relation qui se délite, quand la confiance s’effrite et que le véritable visage de l’autre se dévoile peu à peu. C’est celle d’une jeune femme qui n’a jamais trouvé sa place dans un cercle qui n’est pas le sien, et pour qui la fuite devient la seule solution. Le deuxième récit est celui d’une reconstruction, hors d’un système de domination masculine. Cléo part, et se retrouve elle-même. Si la solitude lui permet de guérir, c’est dans le collectif et la sororité qu’elle aperçoit un futur plus radieux, en rencontrant une joyeuse communauté queer accueillante et à l’énergie contagieuse.
Mirion Malle, que l’on a découverte avec son blog BD féministes Commando Culotte, a publié son premier album de fiction en 2020, C’est comme ça que je disparais, tranche de vie juste et poignante sur la dépression. Avec Adieu triste amour, l’autrice confirme son talent pour raconter les jeunes adultes d’aujourd’hui, décortiquer les émotions et les dynamiques sociales.
Une certaine poésie se dégage de son dessin doux et un peu biscornu. Elle utilise intelligemment la couleur pour poser une ambiance, un décor, qu’il s’agisse d’une soirée angoumoisine, d’une marche dans l’hiver montréalais ou d’un dîner cosy entre amie·e·s. Les tons froids et le malaise palpable de la première partie tranchent avec la chaleur de l’exil en Gaspésie.
Adieu triste amour offre une variation touchante sur la fin d’une histoire, la création, le groupe et la solitude, la rencontre amoureuse. Sa conclusion aux allures d’utopie en fait un beau récit d’émancipation, lumineux et optimiste – comme un soleil qui se lève après l’hiver.
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