Adivasis meutris
En Inde, depuis des années, des populations autochtones d’un État du centre du pays, une minorité nommée Adivasis de 100 millions d’individus tout de même, sont spoliés, brimés, assassinés. Par qui ? Par presque tout le monde, les intérêts capitalistes en premier, évidemment, mais aussi les politiques qui leur sont liés et même des milices maoïstes. Et cela dans l’indifférence quasi générale. C’est cette situation complexe et quasi désespérée que met en lumière cet album soutenu par Amnesty International.
Une démarche louable, car cette crise humaine et écologique – déforestation, exploitation à outrance d’une terre riche en minerai, aux dépens d’une population rurale ou forestière qui n’a rien demandé et ne reçoit aucune compensation – est bouleversante et surtout fort méconnue. Le problème de ce livre est, qu’en termes de bande dessinée, il est bien loin du compte. En effet, il ne fait qu’accumuler les informations et les anecdotes terribles, récupérées notamment grâce à Amnesty, sans jamais incarner son propos. Pas d’histoire individuelle, même fictionnelle, pour emmener le lecteur dans ce pays si lointain ; pas de personnage, même réel, auquel se raccrocher. Les auteurs ne proposent qu’un abondant texte illustré par des dessins en noir et blanc sans âme, et l’émotion ainsi que l’importance du sujet disparaissent sous cet absence de mise en scène. Parfois, des personnes prennent la parole, mais on ne sait pas vraiment qui elles sont, ni pourquoi elles parlent à ce moment-là. À d’autres moments, on assiste à des reconstitutions, des reproductions de prise de parole politique. On se situe entre le documentaire froid et le mémoire d’étudiant, plein de bonnes infos mais sans point de vue, auquel viennent s’ajouter quelques images prétextes. Et alors que le sujet méritait mille fois mieux, la forme dessert terriblement le fond. Un ratage rageant.
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