Agnès Maupré s’entiche de Milady de Winter
Comment une jeune femme amoureuse devient-elle une espionne sans scrupules, au service du Cardinal de Richelieu ? Dans Milady de Winter, Agnès Maupré (Les Contes du chat perché, d’après Marcel Aymé) s’attaque à une héroïne séduisante et rouée, qui l’a pourtant touchée. Cette Marseillaise de 27 ans – désormais installée au Havre – explique avec une charmante modestie son intérêt pour cette garce mythique.
Pourquoi vous être penchée sur Milady de Winter ?
Figurez-vous que je n’ai lu Les Trois Mousquetaires que récemment. J’étais pourtant une amatrice des œuvres d’Alexandre Dumas, en particulier du Comte de Monte-Cristo et de La Reine Margot. Mais ses Mousquetaires ne m’attiraient pas. L’imagerie qu’ils véhiculent, leur univers de garçons qui boivent des coups et croisent l’épée me paraissaient barbants. Il y a deux ou trois ans, j’ai vu le livre chez un bouquiniste et me suis dit qu’il fallait me forcer un peu. J’ai été heureusement surprise : l’écriture est tendue d’ironie, prenante. Si l’on lit Vingt ans après, on suit une histoire d’amitié complexe, sur trente ans. Les héros ne sont pas monolithiques, ils se font même des sales coups, mais savent dans quelle mesure ils peuvent compter les uns sur les autres. Au milieu de tout ça, l’existence dramatique de Milady m’a émue. Je trouvais le personnage photogénique, au point de réaliser une série de dessins d’elle, de moments marquants de sa vie, comme sa pendaison par son premier mari ou son viol par D’Artagnan. J’ai eu envie de creuser son destin mystérieux, et ai commencé à imaginer des discussions intimes entre elle et le Cardinal, elle et son bébé, elle et sa servante… Et c’est devenu une BD.
Comment est née l’affection que vous ressentez pour elle ?
J’ai tendance à m’apitoyer sur des personnages négatifs, comme Humbert dans Lolita ou Alex dans Orange mécanique. Leur solitude me touche. Milady a été quasi tuée par son époux, trahie par D’Artagnan… Il lui arrive des trucs vraiment dégueulasses ! Je ne comprends pas pourquoi, dans l’inconscient collectif, elle reste aussi mal considérée. Certes, elle est un assassin, mais elle a beaucoup souffert.
De quelle manière la représentez-vous dans ce premier épisode ?
Elle essaie d’être heureuse, n’a pas encore renoncé à vivre une vie normale, à profiter d’un carré d’herbe verte. Elle n’a pas compris qu’elle était maudite. Dans la seconde partie de ce diptyque, je me concentrerai sur la relation entre Milady et Constance. Je voudrais montrer une Milady au bord de la démence, prête à tuer tous ceux qui auront eu un aperçu de sa folie.
Vous êtes-vous documentée avant de mettre cette histoire en images ?
J’ai lu les Mémoires de monsieur D’Artagnan de Gatien de Courtilz de Sandras, et les pièces La Jeunesse des mousquetaires et Les Mousquetaires d’Alexandre Dumas. J’ai refusé de voir les films tirés du roman, pour ne pas être plombée par d’autres interprétations. J’ai regardé des robes, meubles ou tissus sur Internet, afin de m’imprégner de l’esthétique du XVIIe siècle.
Vous écrivez votre propre scénario pour la première fois. Pourquoi être passée à l’acte ?
Je n’avais jamais osé avant. J’écrivais pourtant, plus jeune. Mais mon premier amoureux, un auteur de théâtre, m’avait affirmé que ce n’était pas bien. Et cela m’avait coupée net dans mon élan…
Comment travaillez-vous ?
Le moment des croquis est celui que je préfère : les personnages trouvent leur tête et leur personnalité. Ensuite, j’imagine des scènes qui me plaisent et je remplis des carnets – cinq pour le premier tome de Milady. A partir de là, je tente de faire émerger une trame, et je passe aux crayonnés définitifs. Je ne sais pas vraiment comment tout se tient au final…
Quels outils utilisez-vous ?
Ils sont traditionnels : une plume, de l’encre, du papier. J’ai appris tout récemment à me servir de Photoshop, pour des illustrations jeunesse. Mais je préfère travailler avec des objets plutôt qu’avec des fichiers. L’ordinateur ne permet pas d’aller plus vite, il fait mal aux dos et aux yeux, et permet juste de modifier un dessin plus facilement. De plus, face à lui, j’ai peur de me perdre dans les possibilités infinies de la machine.
Quel est votre parcours ?
J’ai découvert la BD par hasard, et trois albums m’ont donné envie d’en faire mon métier : Ghost World de Daniel Clowes, Mort Cinder de Breccia et Le Petit Monde du Golem de Joann Sfar. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier que j’ai réalisé mon rêve. Adolescente, j’avais envoyé par mail quelques dessins pas terribles à Joann. Il m’avait très gentiment répondu dans la demi-heure, en m’encourageant à continuer. Plus tard, alors que j’étudiais aux Beaux-Arts de Paris, je lui ai montré des aquarelles, et il m’a mis en contact avec Gallimard, où j’ai publié Les Contes du chat perché.
Quels sont vos projets ?
Je travaille sur le second épisode de Milady, qui devrait sortir à l’automne prochain. Ensuite, il faudra que je réfléchisse sérieusement à la suite… Peut-être quelque chose avec Karen Guillorel, une ancienne éditrice d’Ankama, qui a écrit De l’aventure au voyage intérieur. Ce livre retrace sa propre expérience : elle est partie de Paris à pied et à rallié Jérusalem. Et c’est plutôt inspirant !
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Milady de Winter #1.
Par Agnès Maupré.
Ankama, 14,90€, le 28 octobre 2010.
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J’adore
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OK, pas étonnant que ce soit de la copie de Sfar, puisque c’est une copine de Sfar, conseillée par Sfar, pistonnée par Sfar, avec maintenant l’aval de Morvan, copain de Sfar sur Troll. Elle fonctionne bien la petite cuisine du copinage et du piston quand deux gros moches veulent faire les beaux auprès d’une jolie jeune femme…
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OK, pas étonnant que ce soit de la copie de Sfar, puisque c’est une copine de Sfar, conseillée par Sfar, pistonnée par Sfar, avec maintenant l’aval de Morvan, copain de Sfar sur Troll. Elle fonctionne bien la petite cuisine du copinage et du piston quand deux gros moches veulent faire les beaux auprès d’une jolie jeune femme…
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Pas besoin, vous avez donné les réponses que je me posais sur la raison de la publication de ces bouquins médiocres de cette jeune femme dessinant maladroitement.
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Pas besoin, vous avez donné les réponses que je me posais sur la raison de la publication de ces bouquins médiocres de cette jeune femme dessinant maladroitement.
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Mister T, gros frustré de la BD, qui voit tous ses projets refusés par les éditeurs. Les seules choses qu’il arrive à publier sont des commentaires bêtes et méchants sur des sites internet .
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Mister T, gros frustré de la BD, qui voit tous ses projets refusés par les éditeurs. Les seules choses qu’il arrive à publier sont des commentaires bêtes et méchants sur des sites internet .
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@mister T:
Tout d’abord, si l’on veut être crédible, autant être précis. Si le déssin de Mlle Maupin ressemble à celui de quelqu’un d’autre, c’est d’abord à celui de Blain !!!
Blague à part, il s’agit pour moi d’un 10 ou 20 meilleurs albums de 2010, sur les 200 et quelques que j’ai pu lire. Ce qui devrait faire une leçon pour vous Mister : ce n’est pas le fait d’être pistonné qui compte, c’est ce que l’on arrive à produire. Milady a tout d’une bonne série. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde…. tant que c’est pour de bonnes raisons ! -
@mister T:
Tout d’abord, si l’on veut être crédible, autant être précis. Si le déssin de Mlle Maupin ressemble à celui de quelqu’un d’autre, c’est d’abord à celui de Blain !!!
Blague à part, il s’agit pour moi d’un 10 ou 20 meilleurs albums de 2010, sur les 200 et quelques que j’ai pu lire. Ce qui devrait faire une leçon pour vous Mister : ce n’est pas le fait d’être pistonné qui compte, c’est ce que l’on arrive à produire. Milady a tout d’une bonne série. Après, on ne peut pas plaire à tout le monde…. tant que c’est pour de bonnes raisons ! -
Faites un effort MisterT si vous voulez être publié, soyez une fille déjà, et sexy, usez d’un style jeté (à la poubelle) d’inspiration nouvelle BD (c’est à dire vite bâclé, genre 10 pages par jour) et surtout ne soyez pas regardant, à vouloir des avances sur droits, non, vous serez payé que si votre livre se vend, c’est normal, on n’est pas des philanthropes dans l’édition, et si ça ne vous plait pas, c’est pas grave il y a plein de jeunes prêt à travailler gratuitement dans l’espoir de sortir son épingle du jeu, on est en 2011, pas dans les seventies mon vieux, il faut vivre avec son temps.
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Faites un effort MisterT si vous voulez être publié, soyez une fille déjà, et sexy, usez d’un style jeté (à la poubelle) d’inspiration nouvelle BD (c’est à dire vite bâclé, genre 10 pages par jour) et surtout ne soyez pas regardant, à vouloir des avances sur droits, non, vous serez payé que si votre livre se vend, c’est normal, on n’est pas des philanthropes dans l’édition, et si ça ne vous plait pas, c’est pas grave il y a plein de jeunes prêt à travailler gratuitement dans l’espoir de sortir son épingle du jeu, on est en 2011, pas dans les seventies mon vieux, il faut vivre avec son temps.
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Ce genre de dessin vu partout, passepartout encombre les librairies, il est bien sur plus facile à faire qu’un vrai dessin de bande dessinée travaillé et plus rapide aussi, mais il laisse plus facilement voir ses défauts et ne pardonne pas la médiocrité. Souvent il se parre d’un vernis culturel (littéraire souvent, là Dumas) pour esbaudir l’intelligencia où ceux qui aimeraient en être (surement Charlus… a-t-il seulement lu Proust???). Et ça marche, surtout avec le soutien des auteurs bobo bien en place.
Alors qu’objectivement, il est bien plus difficile et ça demande bien plus de travail de réussir une vraie bonne bande dessinée franco-belge comme JéromeKJ Bloche par exemple, ou Théodore Poussin, il suffit de voir comme se sont planté les derniers repreneurs de Blake et Mortimer (un désastre) ou tous les suiveurs qui croient faire du Franquin et ne font que du caca pour supermarché.
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Ce genre de dessin vu partout, passepartout encombre les librairies, il est bien sur plus facile à faire qu’un vrai dessin de bande dessinée travaillé et plus rapide aussi, mais il laisse plus facilement voir ses défauts et ne pardonne pas la médiocrité. Souvent il se parre d’un vernis culturel (littéraire souvent, là Dumas) pour esbaudir l’intelligencia où ceux qui aimeraient en être (surement Charlus… a-t-il seulement lu Proust???). Et ça marche, surtout avec le soutien des auteurs bobo bien en place.
Alors qu’objectivement, il est bien plus difficile et ça demande bien plus de travail de réussir une vraie bonne bande dessinée franco-belge comme JéromeKJ Bloche par exemple, ou Théodore Poussin, il suffit de voir comme se sont planté les derniers repreneurs de Blake et Mortimer (un désastre) ou tous les suiveurs qui croient faire du Franquin et ne font que du caca pour supermarché.
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Je vous remercie Fred, mais malgré votre culture, vous oubliez un élément essentiel de ce qui fait un bon album de BD : le plaisir que l’on a à le lire. Vous constaterez que la notion d’effort déployé par l’auteur (ou de « travail » comme vous dites !) ne se rapporte pas directement au plaisir de lecture.
Qu’une partie du lectorat apprécie ce type d’album, cela ne devrait ennuyer personne. Votre problème semble plutôt que vous ayez une définition de ce DOIT être une « Vrai bonne bande dessinée Franco-Belge ».
Par ailleurs, j’ignorais faire partie de l’intellingencia (c’est ma grand mère qui va être contente), ni même d’avoir jamais désiré en faire partie
Enfin, laissez tomber les allusions à mon pseudo, vous vous y casseriez (lamentablement) les dents ! -
Je vous remercie Fred, mais malgré votre culture, vous oubliez un élément essentiel de ce qui fait un bon album de BD : le plaisir que l’on a à le lire. Vous constaterez que la notion d’effort déployé par l’auteur (ou de « travail » comme vous dites !) ne se rapporte pas directement au plaisir de lecture.
Qu’une partie du lectorat apprécie ce type d’album, cela ne devrait ennuyer personne. Votre problème semble plutôt que vous ayez une définition de ce DOIT être une « Vrai bonne bande dessinée Franco-Belge ».
Par ailleurs, j’ignorais faire partie de l’intellingencia (c’est ma grand mère qui va être contente), ni même d’avoir jamais désiré en faire partie
Enfin, laissez tomber les allusions à mon pseudo, vous vous y casseriez (lamentablement) les dents ! -
Après le D’Artagnan de Juncker sorti en 2008. Cet album offre une relecture de l’oeuvre d’Alexandre Dumas très sympathique.
On recherche dans nos souvenirs quelles scènes sont issues de l’histoire originale et lesquelles sortent de l’imagination d’Agnès Maupré.Et Bonne Année BoDoï !
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Après le D’Artagnan de Juncker sorti en 2008. Cet album offre une relecture de l’oeuvre d’Alexandre Dumas très sympathique.
On recherche dans nos souvenirs quelles scènes sont issues de l’histoire originale et lesquelles sortent de l’imagination d’Agnès Maupré.Et Bonne Année BoDoï !
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