Aiôn
Lexi Néel est chargée de transporter des marchandises à travers l’espace. Mais comme le voyage dure des années, elle est cryogénisée. Sauf que bien avant son retour prévu sur Terre, elle est réveillée par un protocole d’urgence : son vaisseau et son androïde ont reçu un message d’alerte d’un satellite proche. Lexi s’y rend, découvre un laboratoire scientifique à l’abandon, avant de se retrouver piégée…. puis de se réveiller une nouvelle fois, dans le labo. Mais des années plus tôt…
Ludovic Rio, cofondateur de l’éditeur indépendant Polystyrène et qui a dessiné 24h sur la ZAD (Vide Cocagne, 2013), signe ici un one-shot de science-fiction ultra-classique, convoquant plusieurs grands thèmes du genre : les voyages spatiaux, l’intelligence artificielle et, surtout, les paradoxes temporels. Et il le fait avec une belle maîtrise, tant dans le découpage impeccable de ses pages au format grand comics, que dans les cadrages et le séquençage des dialogues, installant une atmosphère lourde et suspicieuse. Les influences sont parfaitement digérées, de 2001 à Aâma, et le traitement du paradoxe temporel montre un vrai sérieux (même si une question subsiste sur la dernière séquence, mais chut, on ne vous dit rien…). Toutefois, Aiôn se révèle frustrant. Ce n’est pas le dessin, d’une ligne fluide et agréable, presque proche d’un comics grand public, résolument accessible et dans l’air du temps. Non, c’est plutôt la promesse d’un récit dense aux rebondissements forts qui n’est pas totalement tenue. Car, après un prologue volontairement hyper familier, une habile histoire gigogne semble se construire : mais elle se résout trop vite et trop simplement pour être entièrement satisfaisante. Et, finalement très terre à terre, elle n’a pas cette poésie éthérée des nouvelles de SF de jadis. On referme donc l’album avec le sentiment, agréable, d’avoir lu un joli récit. Mais aussi avec un goût, légèrement amer, de trop peu.
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