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« Aix n’est pas un festival underground »

3 avril 2017 |

aix2017_affich1-largeDans le calendrier, juste après BD à Bastia, il y a les Rencontres du 9e art d’Aix-en-Provence. Un temps intéressant pour la bande dessinée et « les arts associés », où l’on découvre souvent des expositions inspirées et originales, qui convoquent des auteurs ayant une pratique artistique parfois hors cases. Exemple cette année avec Simon Roussin, Dave Cooper ou Jochen Gerner. Entre BD et art contemporain, mais dans une perspective de découverte et non dans une ambition muséale snob, ces Rencontres constituent un festival atypique, et gratuit, où les dédicaces ne sont pas l’attraction numéro un. Serge Darpeix, directeur artistique du festival, trace pour BoDoï les grandes lignes de la 14e édition, qui s’ouvrira début avril.

Pourquoi avoir choisi Simon Roussin pour réaliser l’affiche ?

Avec Simon comme d’autres, il y a une sorte de filiation amicale, car nous l’avions invité dès son premier album, Robin Hood chez L’Employé du Moi. Et nous avions ensuite créé une expo avec lui. Il est emblématique d’une nouvelle génération d’auteurs et il est sans doute l’un des plus talentueux. Ce qui est intéressant dans son travail, c’est qu’il s’approprie les codes de la bande dessinée classique pour en faire quelque chose de neuf. Ensemble, pour l’édition 2017 des Rencontres, nous avons convenu que faire une seule affiche, ce serait dommage. On est donc parti sur cinq affiches, mais il est allé au-delà et a inventé cinq personnages qui se déclinent sur tous nos supports de communication. Puis est venu l’idée d’un jeu de pistes, qui impliquerait les boutiques de la ville : il va s’agir pour les visiteurs d’aller récupérer 51 cartes d’un jeu de Mistigri, où le personnage du Capitaine Sans Coeur incarne le mistigri. Une façon différente de communiquer et de se servir de la ville comme d’un grand espace d’exposition.

aix2017_affiches-roussin

 

Cette année, peut-être plus encore que les précédentes, votre plateau d’invités (Dave Cooper, Jakob Hinrichs, Jochen Gerner, Pierre La Police…) révèle des personnalités pour qui la BD n’est qu’un moyen d’expression parmi d’autres ou qui cherchent à travers le dessin des moyens d’expression différents.

aix-jochen-gernerCela dépend un peu des années. Nous n’avons pas de mots d’ordre, ni jamais de thématique imposée. Notre métier n’est pas celui de galeriste : nous ne souhaitons pas porter un livre au mur,  simplement accrocher les planches originales. Ce qui n’intéresse, au final, pas un si grand public. Notre démarche est de rebondir sur les projets des auteurs. Et nombre d’entre eux ont des pratiques annexes à la BD, parfois méconnues voire cachées. C’est à leur rencontre que viennent les idées d’exposition. Par exemple, cela faisait longtemps que souhaitions présenter le travail de Jochen Gerner. Ce que nous faisons cette édition, autour de RG : et quoi de mieux que cette année où Tintin chez les Soviets revient colorisé que de présenter ce livre qui explore notamment la couleur chez Hergé. Le travail de Gerner sera exposé dans l’Atelier de Cézanne, qui était un peintre qui travaillait aussi sur le motif. D’ailleurs, nous souhaitons inviter l’auteur à travailler à son tour sur des oeuvres de Cézanne. Mais cela prendra du temps…

Vous proposez aussi une expo autour de la série jeunesse Akissi. Est-ce pour préserver un équilibre entre expérimentations et BD plus grand public?

Nous ne sommes pas un festival underground, l’équilibre est effectivement important. Mais l’essentiel pour nous est d’éviter de ranger les oeuvres et les auteurs dans des cases. Notre programmation est à l’image de notre bibliothèque : variée et bordélique ! Faire venir Mathieu Sapin et Marguerite Abouët est dans la même ligne que le reste, puisque ces deux auteurs de BD font autre chose que de la BD. Pour nous, ce qui compte, c’est la diversité. Et comme notre nom l’indique, les rencontres. Voilà pourquoi nous programmons une quarantaine de « rendez-vous discutés », des rencontres publiques avec des auteurs, parfois animées par d’autres auteurs, qui n’ont pas pour ambition d’accueillir des centaines de spectateurs, mais de conserver une forme de convivialité dans le festival.

aix-akissi

Dans un contexte de tension sur les finances publiques, et comme le festival est gratuit, comment les Rencontres s’en sortent-elles ?

La vraie problématique est celle de l’évolution. On est soutenus, mais effectivement, chaque année, il faut convaincre à nouveau de l’intérêt du projet. Surtout quand le territoire politique change. Globalement, nous avons dû faire face ces dernières années à des baisses de 30 à 35% de budget. On ne le cache pas, c’est de plus en plus difficile, mais on est aussi confortés dans notre démarche car le public est de plus en plus nombreux – même s’il faut qu’on apprenne à gérer cette inflation, sans générer de frais nouveaux !

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Vous travaillez aussi sur l’ouverture d’un lieu permanent.

aix_jakob_hinrichs_Oui, il me semble qu’au bout d’un certain nombre d’années, il y a matière à faire quelque chose autour un lieu dédié. Ce désir vient aussi d’une certaine frustration à ne pas pouvoir travailler avec des auteurs pour de bêtes histoires de calendrier. Le projet qui se profile serait un lieu qui accueillerait des expositions et des ateliers toute l’année, avec un ou deux temps forts, dont les Rencontres. Nous allons démarrer dès cet été, car le lieu est tout trouvé : c’est dans un espace d’exposition de l’Office du tourisme, où les bureaux des Rencontres sont déjà installés. Benoît Guillaume va venir proposer une exposition évolutive en juillet-août, avec les oeuvres qu’il aura créé le temps de cette « résidence » à Aix.

Propos recueillis par Benjamin Roure

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14es Rencontres du 9e art, festival de bande dessinée et autres arts associés.
Avril et mai 2017, dans différents lieux d’Aix-en-Provence, dont la Cité du livre ou la Fondation Vasarely.
Week-end BD, avec une cinquantaine d’auteurs présents, les 7, 8 et 9 avril. Entrée libre.

Infos et programmation sur le site du festival.

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