Alcoolique
C’est en classe de seconde que Jonathan A. découvre le pouvoir de l’alcool : grâce à l’absorption de cinq bières pendant une fête, il se sent « cool », une nouveauté. « Je me suis toujours trouvé moche… Pas ce soir-là. » C’est le début d’un engrenage vicieux : le jeune homme boit plus que de mesure, constamment. Le cache à ses parents. A le sentiment de mener une double vie : « athlète émérite, premier de la classe au cursus prometteur en semaine ; alcoolique finissant dans son vomi le week-end ». Au fil des années, sa relation à l’alcool prend plus ou moins de place, selon les péripéties que lui réserve la vie. Jonathan regrette l’absence de son meilleur ami du lycée, perd ses parents brutalement, se rapproche de sa tante, mène une carrière d’écrivain, vit une passion avec une jeune femme, qu’il ne parvient pas à oublier quand elle le quitte…
Selon l’Américain Jonathan Ames, son scénariste, Alcoolique est « une oeuvre de fiction où presque tout est vrai ». Une partie de sa puissance vient de cette vérité palpable, qui sourd de chaque page. L’auteur s’y raconte sans fausse pudeur, sans complaisance, dévoilant ses faiblesses, ses rechutes. Ce récit est fort bien restitué par Dean Haspiel (American Splendor, Spiderman), dont le trait efficace suit une construction habile. Faisant de ce roman graphique un véritable « page turner », provoquant l’empathie au fil d’une narration rythmée, impeccable. Donnant à son sujet, pourtant tellement personnel, une portée universelle.
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