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Alerte Rouge

21 novembre 2019 |
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
16 €
DATE DE SORTIE
11/09/2019
EAN
2369902744
Achat :

alerte-rouge_image1 Ah, la jeunesse. Rebelle, stupide, libre. Et puis un jour, on se réveille d’une soirée trop arrosée en se rendant compte qu’on ne tient plus l’alcool, qu’on a du bide, moins de cheveux et même une famille. C’est peut-être d’autant plus dur d’en faire le deuil, de la jeunesse, quand, comme La Taupe, on l’a brûlée par les deux bouts dans les soirées punks défrag’. Le mouvement punk, pourtant réprimé par les communistes, ce Slovène l’a vécu à fond. De l’écoute du premier album des Clash au groupe de « musique » monté avec des potes (dont un seul savait jouer, en vrai), en passant par les après-midis bourrés et la galère perpétuelle, jusqu’à la douche froide : le service militaire. Alors, arrivé à un certain âge et à force de recroiser ses vieux potes du gang, devenus garagistes, mères de famille ou même ministres, La Taupe fait le bilan de sa génération. Il va même sur les plateaux télés, pour balbutier entre deux intellos grandiloquents à propos de ce qui était absolument, fondamentalement, l’inverse des grands mots.

Voila un petit bijou bien surprenant. Dans cette anthologie de quatre récits dessinés en 1996 (pour les trois premiers) et 2010, Tomaž Lavrič parle d’abord, grâce à un usage très efficace de l’autofiction, de la nature du punk en tant que mouvement culturel. À savoir, de son idéal « anti-idéaliste », si l’on peut dire, et de sa manière d’être absolument libre en refusant tout en bloc. Mais il parle surtout de l’histoire de son pays avec une grande justesse, portant sur les événements qu’il a traversés un regard toujours attentif, tendre sans pour autant faire de concession, ni à lui-même ni aux autres.

Au fond, on pourrait dire que cette oeuvre est un auto-examen, qui a pour question principale : « Ai-je été suffisamment libre ? » Sans chichi, sur un rythme et une composition savants, d’un trait simple (peut-être un poil daté, pour persifler) mais vif et percutant, Tomaž Lavrič livre une vraie réflexion sur la dignité humaine, et un grand moment de bande dessinée.

Cet album saura certes jouer sur la corde sensible de la génération ayant grandi dans les années 80. Mais pas seulement, car sa portée est universelle. Les seuls peut-être à refuser la facilité de ce moment de communion seront les punks – les vrais. Pour opposer un ultime refus, cette fois au temps lui-même, et ainsi pouvoir gueuler : « PUNK IS NOT DEAD ».

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