Alix Senator #1 ***
Par Thierry Démarez, Denis Bajram et Valérie Mangin. Casterman, 12,95 €, le 12 septembre 2012.
-12 av. J.C.. Rome tremble sous l’ombre des ailes d’aigles tueurs, qui attaquent avec leur serres d’or des proches du pouvoir en place. Manifestation divine ? Manipulation religieuse ? Complot politique ? Heureusement, le sénateur Alix mène l’enquête…
Finalement, il aura fallu qu’Alix prenne un coup de vieux pour que la série imaginée par Jacques Martin prenne un coup de jeune ! Et un trio d’auteurs malins et qui n’a pas froid aux yeux pour redonner de l’intérêt à cette série historique depuis longtemps tombée dans la ringardise absolue. En effet, en faisant passer le blond héros d’éternel adolescent à père de famille, avec la situation sociale, les rides et les kilos (peu nombreux) qui vont avec, Valérie Mangin (Le Livre de Skell, Jeanne d’Arc, Du plomb pour les garces…) a eu une idée brillante. La scénariste fait d’une pierre trois coups : elle offre une nouvelle vie à un héros fameux mais fatigué, elle avance dans le temps et bénéficie donc d’un contexte socio-politique différent, et elle peut se servir à loisir des événements déjà décrits dans la trentaine d’albums de la série principale. On retrouve notamment le fils d’Enak, fidèle compagnon d’Alix décédé, ainsi que des références à des péripéties passées, qui s’intègrent avec fluidité au récit (la reproduction de vieilles cases signées Martin faisant parfaitement office de flash-back).
Car côté graphique aussi, Alix Senator se veut plus moderne que son aïeule. Si la direction artistique générale est l’oeuvre de Denis Bajram (compagnon de Valérie Mangin, avec qui il a déjà travaillé sur Trois Christs par exemple), c’est Thierry Démarez qui se charge du dessin. Il offre de superbe vues de la Rome antique, reprend quelques postures maniérées de Jacques Martin pour mieux les faire évoluer, compose un univers déliquescent et solaire tout à fait crédible. Là aussi, dans un style réaliste, le grand lifting inversé d’Alix est une réussite.
Les trois auteurs et leur éditeur ont donc réussi leur pari fou de ressusciter un héros qui avait un pied dans la tombe depuis belle lurette et de redonner au lecteur le goût pour ses enquêtes antiques. Une excellente surprise.
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L’album est sans doute plus réussi que les précèdents (pas difficile… d’ailleurs, les hommes sont comme le vin: ils se bonifient avec l’age, c’est connu!). Mais l’idée de Valérie Mangin n’est pas si originale que ça: il y eut dans le passé récent (chez Dargaud, je crois?) une collection qui posait ce principe: on y voyait les vieux Pieds Nickelés, les vieux Blake et Mortimer, etc
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idée intéressante, essai non transformé, mais un peu tôt pour condamner… laisser un peu de temps au fruit pour qu’il ait une chance de mûrir… je ne connais pas beaucoup de n°1 d’une série qui soient des chef-d’oeuvre, c’est presque rassurant… quant au reste : le divertissement, le produit marketing, eh bien oui, c’est comme ça, nous sommes dans le monde de l’édition avec ses impératifs économiques, des artisans, des industriels ; pour les artistes : voyez dans les cimetières qui en sont remplis, des vivants il n’en reste pas beaucoup… c’est notre époque. pas pire que bien d’autres…
quant au cliché « une série depuis longtemps tombée dans la ringardise absolue » mon dieu que c’est lassant et que cela pèse son poids de snobinisme pseudo-intello ! et tout ceux qui n’ont pas lu un ALix depuis 30 de le répéter servilement !… J’ai eu la curiosité assez récemment de lire ou relire quasiment toute la série, à sa suite, et je n’ai pas trouvé que les derniers opus étaient forcément si méprisables… inégaux, certes, pas toujours inintéressants… leurs défauts ? mais, si on regarde bien, on les trouve déjà dans les anciens numéros, qu’on qualifie de chef-d’oeuvre… et certains ont des qualités, sur le plan de l’ambiguité du rôle d’ALix en particulier, que n’ont pas leurs glorieux ancêtres… je ne parle évidemment que des scénarios… mais qui voudrait étudier la série, devrait se forcer un peu à l’étudier entière, et non pas l’amputer, suite à un jugement hâtif et non éclairé, de sa bonne seconde moitié…
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