Par Frédéric Bézian. Delcourt, 16,95€, le 4 janvier 2012.

C’est un géant en imper vert, un Maigret d’une époque indéfinie, qui écoute sa musique en mp3 mais semble évoluer dans une France gaullienne.

Mélomane ardent et cinéphile fervent, Basile Far guette ce qu’il y a derrière les murs, les grilles et les façades. Peu bavard, cet enquêteur « doté d’un irréprochable quant-à-soi » s’installe dans un petit village construit de façon circulaire, et en écume les rues à la recherche de ce qui semble être un assassin de femmes…

Auteur des Garde-Fous ou de La Belle Vie, Frédéric Bézian tisse ici un parcours complexe, poétique et beau. D’un trait élégant, discret, il constitue comme une faille temporelle, habitée par un anti-héros hermétique et émouvant. Dont la mémoire, « moins fraîche qu’avant, plus dure, fatiguée, renonce à classer les moments marquants de la journée d’hier ». Son décor prend progressivement plus d’importance que la quête, dont on vient à oublier l’objet. Ne reste plus qu’à se laisser porter, et emporter, par cette narration très littéraire au cheminement constamment dévié, émaillé de faux-semblants.

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