Enfant, Nicole a des problèmes intestinaux, probablement liés à des troubles émotionnels. Il faut dire que la figure paternelle, pour elle, en a pris un sacré coup. Son père est mort quand elle était toute petite, et sa mère s’est remariée à un loser qui la bat. Jeune adulte, Nicole se rend chez une chiromancienne qui lui annonce que son vrai père est toujours vivant. Révélation ou charlatanisme ? Doit-elle en parler à sa mère ? Et comment annoncer à cette dernière son homosexualité ?

Longue et éprouvante bande dessinée autobiographique, Allô, Dr Laura ? laisse un sentiment mitigé. Globalement, le récit de l’Américaine Nicole J. Georges ennuie un peu, le rythme et les scènes fortes étant diluées dans des séquences lentes et répétitives, d’un point de vue narratif comme graphique. Mais il recèle tout de même de très belles pages, plutôt dans sa dernière partie, bouleversantes sans être tire-larmes. L’artiste joue avec les codes du genre autobiographique, faisant des allers-retours impromptus dans la chronologie, laissant certains pans de son histoire dans l’ombre et optant pour un déroulé un brin décousu. Un choix assumé mais qui ne facilite pas l’immersion dans cet univers assez froid – son travail sur le noir et blanc et les matières de gris est impressionnant, mais là aussi, souvent hermétique. Un livre intéressant mais aride, en lice au Festival d’Angoulême.