Alouette



Un cercueil de bois flotte et s’échoue sur un côte. En émerge la frêle silhouette d’un enfant, émaciée, meurtrie, à peine plus vivante que morte. Après l’antichambre de l’enfer de la mer, il faut maintenant survivre sur cette île hostile, pleine de bêtes sauvages inquiétantes. Mais même après la rencontre avec deux autres humains, le chemin de la reconstruction sera encore long, car les blessures du passé sont tenaces…
Après le dessin d’un spin-off de Meto d’Yves Grevet, Andréa Delcorte développe un projet 100% personnel, un one-shot aussi ambitieux que complexe dans les thèmes qu’il brasse. Violence sur enfants, identité de genre, relations humains/nature, soif de vengeance, lutte de classes, cela fait beaucoup, mais la construction en flashback de l’ouvrage permet de mêler habilement ces sujets. Hélas, elle est aussi à l’origine de ruptures de rythme et d’un manque de fluidité dommageable : le personnage d’Alouette n’évolue que par à-coups, toujours dans une sourde violence qu’on peine à comprendre avant un bon moment. Pourquoi ne distiller les infos sur son passé que par bribes, interrompant sa deuxième vie – la survie sur l’île – et complexifiant inutilement le scénario? Il ressort de ce choix l’impression d’une intrigue qui fait du sur-place, avec en son coeur un personnage-titre bloqué dans son traumatisme, qui ne fait que grogner sans réelle interaction avec les autres protagonistes. Un long sur-place de souffrance. La seconde partie n’en est que plus déstabilisante et décevante… Quant au dessin, au trait flottant et à fleur de peau, il convient tout à fait au fond du récit, âpre et douloureux, mais n’offre pas suffisamment de respiration. On sent tout le potentiel d’un auteur qui avait beaucoup à dire, mais qui n’a pas été guidé sur le bon chemin.
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