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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 21, 2024















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Alter Ego

30 mars 2021 |
SERIE
Alter Ego
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
7.60 €
DATE DE SORTIE
03/02/2021
EAN
2344045627
Achat :

Le manga lesbien est-il condamné à faire un bide en France ? La question peut se poser à la lumière de l’histoire de ces publications dans l’Hexagone. Car si une frange du lectorat manga français apprécie l’ambiguïté de certaines relations entres des héroïnes de mangas d’action typé pour garçons – plutôt orientés fantasy, thriller ou science-fiction –, les romances entre filles au Japon ressortent plutôt du rayon « tranche de vie », autrement dit des récits se déroulant dans un contexte actuel et quotidien. Deux éditeurs français ont lancé la majorité des premiers titres du genre en France : Asuka, qui a été absorbé et a délaissé la niche, et Taïfu comics (aujourd’hui Ototo), qui avoue ne vendre ses titres lesbiens qu’auprès d’un lectorat spécialisé lors de salons sur la pop culture nippone (Japan Expo, etc.). Malgré tout, d’autres éditeurs veulent y croire : sans rêver aux chiffres de vente du shônen, rien n’empêche de sortir des titres plus confidentiels mais de qualité. Et pour le coup, c’est Glénat qui s’y colle avec un manga lesbien… espagnol !

alter-ego_image1 Longtemps, les auteurs occidentaux voulant faire du manga ont été snobés par le lectorat français, accusés d’être de vils profiteurs ou de pâles imitateurs, au mieux. Il aura fallu pas moins d’une vingtaine d’années pour qu’enfin, on leur accorde « une chance » (trop aimable). C’est donc au tour de la très talentueuse Ana Cristina Sanchez de nous offrir un très joli one-shot au graphisme clairement influencé par la pop culture japonaise, mais d’une maturité artistique bluffante. On pourra toujours débattre de la pertinence d’imiter un style, une école précise, mais bon, on n’a jamais reproché aux peintres de s’inscrire dans un mouvement. Pourquoi snober alors un exercice basé sur une autre école qui, l’air de rien, perdure depuis plus d’une quarantaine d’années en France (et encore, on préférera ne pas remonter jusqu’aux influences des estampes japonaises sur la peinture française il y a plus d’un siècle et demi…)?

Noel et Elena sont ainsi les meilleurs amies du monde. Seulement Noel désire bien plus qu’une belle amitié. Hélas, comme dit le proverbe, on ne s’aperçoit de ce que l’on a, qu’au moment ou le perd. Elena a désormais un petit copain, et de plus, une autre de ses meilleures amies va la rejoindre : June. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Noel qui va prendre en grippe la mystérieuse June. De leurs querelles naîtra cependant un sentiment fort et complexe.

Avec élégance et émotion, l’autrice nous décrit un triangle amoureux sensible et, semble-t-il, inspiré de faits réels. La description de l’évolution psychologique de ses personnages est d’une belle justesse et prétexte à un jeu du chat et de la souris sentimental où chacune tente de se cacher à l’autre, de se révéler par-delà la douleur, de comprendre ce qui les a amenées à telle ou telle décision changeant leurs vies. Ici pas d’antagonisme masculiniste, pas de militantisme revendicatif, de énième coming out point central d’une intrigue. Alter Ego décide de traiter son histoire d’amour de façon naturelle et non manichéenne, qu’importe le genre ou l’orientation sexuelle des protagonistes.

Kara

© 2020 Ana Cristina Sanchez / Editorial Planeta SA

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