Amato ***
Par Aude Samama et Denis Lapière. Futuropolis, 15 €, le 7 mai 2009.
Hélène est une jeune femme des années 20 comme la littérature aime à les imaginer: sûre d’elle, impertinente, taille fine et cheveux courts. Du genre à n’en faire qu’à sa tête. Aussi, quand son père la confie aux bons soins d’un sanatorium sous le prétexte de la guérir d’une maladie pulmonaire, elle prend ses cliques et ses claques et se retire à la « Résidenza », un « palais d’altitude » habité par les héritiers déchus d’une grande famille italienne. La bâtisse est à l’abandon et ses propriétaires peu loquaces. Mais son désir de solitude comblé, la jeune femme va, enfin, se consacrer à l’écriture. Et surtout, Hélène est amoureuse d’un homme, ou plutôt d’un tableau accroché dans sa chambre et dont la présence fait vibrer tous ses sens. Toutefois, une adulte raisonnable aurait déguerpi en apprenant que quatre jeunes femmes ont été égorgées dans la montagne ces six derniers mois. Pas Hélène…
Amato fait froid dans le dos comme un conte de Maupassant ou une nouvelle d’Edgar Allan Poe. Pour concevoir ce scénario angoissant, voire malsain, Denis Lapière (Le Bar du vieux français, L’Impertinence d’un été) s’est d’ailleurs inspiré d’un texte de Stevenson. Aude Samama s’est révélée la partenaire idéale pour donner corps à l’atmosphère pesante et à la tension sexuelle qui règnent dans la Résidenza. Elle a su faire de chaque case de cet album un petit tableau expressionniste magnifié par des clairs-obscurs travaillés à la lueur des bougies. Un huis-clos pervers et sensuel à la limite du fantastique.
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