Amazigh
Mohamed n’a qu’un rêve: devenir artiste. Mais dans son village isolé d’un Maroc peu ouvert à la modernité, face à des parents réticents et qui ne font que lui rabâcher le « succès » d’autres jeunes qui ont gagné l’Europe, il se sent exploser de l’intérieur. Jamais il ne pourra trouver sa voie ici. Il décide alors de rejoindre clandestinement les Canaries, terre espagnole à portée de main…
Tout en pudeur, justesse et retenue, le récit véridique de ce jeune homme en quête de liberté et bercé d’illusions fait mouche. Car il ne tombe jamais dans le spectaculaire ou le sordide gratuit. Il conte, pas à pas, la folie de monter dans une barque de fortune qu’on a dû bricoler soi-même pour le compte des passeurs, la galère de se trouver dans un territoire étranger sans repères et dont on ne parle pas la langue, la trouille de se faire prendre, l’absurdité administrative, la détention. La violence est montrée sans être surlignée, l’humour n’est pas absent. Dans un noir et blanc plein de personnalité, entre réalisme et cartoon, Cédric Liano réussit à donner corps au récit structuré et posé de Mohamed Arejdal, qui a visiblement beaucoup réfléchi sur son expérience de l’émigration clandestine. Il en ressort un témoignage fort, sobre et émouvant, celui d’un jeune homme qui a risqué sa vie pour crier le plus fort possible son besoin de liberté. À mettre entre toutes les mains.
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