American Splendor #1 ***
Par Harvey Pekar, Greg Budgett, Gary Dumm, Robert Crumb, Gerry Shamray et Kevin Brown. Çà et là, 19 €, le 26 septembre 2009.
C’est un monument de la bande dessinée alternative américaine qui débarque enfin en France ce mois-ci. La saga American Splendor est née dans les années 70, sous la plume d’un type à la fois banal et curieux, amer et lucide, dépressif et engagé dans la vie de sa cité. Un Américain comme beaucoup d’autres, mais qui ressent un profond besoin de parler et qui va autoéditer les 16 premiers volumes de la série. Dans cette bande dessinée frontale et bavarde, Harvey Pekar déverse par moments son mal-être de manière bien peu flatteuse pour sa personne, à d’autres il clame haut et fort sa fierté d’être ce qu’il est, un homme droit et intègre. Il dresse ainsi un autoportrait qu’on peut estimer fidèle, et se pose comme un des précurseurs de la bande dessinée autobiographique telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Plusieurs dessinateurs se succèdent sur la série, dont l’excellent Gerry Shamray. Mais c’est sans doute grâce à Robert Crumb, qui met en images plusieurs épisodes, qu’elle est entrée dans l’histoire. Ses dessins hachurés, expressifs et dépressifs collent à merveille au ton souvent sombre de Pekar, qui raconte tour à tour les plus petites anecdotes de sa vie ou donne son avis sur les relations sociales des années 70-80. Si certaines pages trop autocentrées énerveront, d’autres montrent un point de vue original sur cette période-là de l’histoire américaine. Un point de vue de travailleur (Pekar est employé au classement dans un hôpital), de type comme les autres, une voix souvent silencieuse mais qui n’en pense pas moins. Son oeuvre a été adaptée au théâtre, et au cinéma dans un excellent film de Shari Springer Berman et Robert Pulcini, qui pourra constituer un bon complément à la lecture de la bande dessinée.
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