André Geerts regarde dans le rétro
Papa de l’adorable Jojo, un petit bonhomme naïf et tendre, et dessinateur de Mademoiselle Louise, André Geerts a aussi réalisé des dessins humoristiques à la Sempé pour Spirou. Les meilleurs sont réunis dans Bonjour, monde cruel !, dont nous vous présentons en avant-première 5 extraits commentés par l’auteur.
Pourquoi ces dessins d’humour ?
Fin 1982, alors que je travaillais pour Spirou, j’étais allé voir le rédacteur en chef de l’époque, Philippe Vandooren, en lui proposant une BD plutôt classique, Le Commissaire Martin. Il n’était pas intéressé, et préférait des illustrations humoristiques que j’avais faites, inspirées par le travail de Sempé. Pour lui, j’étais un illustrateur plutôt qu’un dessinateur de bandes dessinées. J’étais pourtant convaincu d’être un auteur de BD, j’avais la flamme, la foi. Philippe Vandooren m’a alors demandé de créer le Petit Nicolas des années 80, chose qui m’a atterrée, car je ne me suis jamais pris ni pour un écrivain, ni pour un artiste aussi talentueux que René Goscinny. J’ai alors réfléchi à une autre option, et lui ai proposé des dessins d’humour, sans textes littéraires. Entre 1983 et 1986, j’en ai réalisé près de 120 en totale liberté. Seulement, au bout d’un moment, j’ai eu l’impression de n’avoir plus rien à dire, de me répéter. J’utilisais toujours les mêmes poncifs, les thèmes de l’arroseur arrosé ou du cordonnier mal chaussé. C’était un exercice très cérébral, qui obligeait à être intelligent, alors que je préfère l’affectif.
En 1983, vous inventez Jojo…
Il est né d’une volonté de retrouver la bande dessinée. Tandis que le dessin d’humour démolit les statues, en mettant tous les personnages – souvent anonymes – sur un pied d’égalité, la BD mythifie un personnage ou un univers. Les héros deviennent vivants, un lien se noue avec le lecteur.
N’êtes-vous pas lassé, 25 ans plus tard, du monde enfantin de Jojo ?
Non. Je m’apprête à attaquer le dessin du 18e tome, scénarisé par Sergio Salma. Faire ponctuellement appel à un scénariste permet à la série de ne pas se scléroser. Cela fera certainement rire Tardi et Bilal, mais je considère que Jojo est une BD d’auteur : c’est un travail intime, qui véhicule ma vision du monde.
Propos recueillis par Laurence Le Saux
_______________________________________
Bonjour, monde cruel ! Par André Geerts.
Dupuis, 29 €, le 5 novembre 2008.
_______________________________________
Publiez un commentaire