Angélique #1
Angélique en manga ? On pouvait craindre l’adaptation sucrée et érotisante des films ayant assis le succès de Michèle Mercier (Angélique, marquise des anges, Merveilleuse Angélique, Angélique et le Roy, etc, tous signés Bernard Broderie dans les années 60). Heureusement, Olivier Milhaud (le scénariste du gourmet Viandier de Polpette) et Dara ont meilleur goût que cela. Ils se sont donc attelés au matériau original, la série de treize livres publiés, avec son mari Serge, par Anne Golon entre 1957 et 1985. Soit une saga palpitante, romanesque en diable, sérieusement documentée, bien plus proche de la fresque historique que de la bluette sentimentale.
Ce premier tome fixe le décor : nous sommes en 1646 en plein Poitou : la très jeune Angélique Sancé de Monteloup, issue d’une famille noble mais peu argentée, grandit en écoutant les terribles histoires de sa nourrice — qui se délecte des crimes commis par Gilles de Retz, un seigneur local. A la fois fière et sensible, la gamine défend et joue avec les petites gens, supporte mal le mépris de son beau cousin, dont les géniteurs sont mieux en cour que les siens. Les auteurs prennent le temps d’installer le quotidien de leur héroïne, croquent les joies et désespoirs de l’enfance, la dureté de la campagne, l’horreur des pillages et de la guerre de religions qui couve.
Ce parti-pris du détail est le bienvenu, il permet de ne pas caricaturer, de donner une autre dimension à ce portrait ancré dans une époque agitée. Les textes sont soignés, très fidèles au roman ; le découpage vif, bien mené. D’où vient alors que l’on n’adhère pas totalement au résultat ? Du style choisi pour raconter Angélique. Le manga permet certes une grande rapidité d’exécution, nécessaire à l’adaptation de plusieurs milliers de pages. Mais l’adhésion à certains de ses codes — un visage qui se dissout sous le coup de l’émotion, une bouche exagérément tordue — ôte de la subtilité à l’ensemble et casse le réalisme finement bâti du récit. Qui n’avait vraiment pas besoin de cela pour happer l’attention de son lecteur, et le tenir en haleine.
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Oui, le travail semble très bien fait-
Par contre un peu désolé de voir encore ce genre de commentaire cliché sur le manga.
C’est une narration bien installée désormais.
Question d’habitude j’imagine. -
Il n’y a aucune comparaison à faire avec les films. Tenez vous en a votre sujet, le manga. De plus je doute fort que vous ayez lu les 14 et non 13 (sinon 15) romans. Tant qu’à faire je pense que vous n’avez rien compris aux films, ni à l’époque et ses codes.
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