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Angoulême 2011: l’expo Baru – DLDDLT

28 janvier 2011 |

Ca commence par une statue (en polystyrène, avec une main amputée) de Lénine, renversée à terre. Résolument politique, l’exposition de Baru, Grand Prix d’Angoulême et président du jury de cette édition, est baptisée « DLDDLT », pour « Debout Les Damnés De La Terre« . A travers elle, l’auteur de Quéquette Blues, de L’Autoroute du soleil ou de L’Enragé retrace un pan d’histoire du monde ouvrier, de la fin de l’âge d’or de l’usine à la fermeture des aciéries de sa région, la Lorraine.

« Il n’y a pas de différence entre les cités ouvrières d’avant et les banlieues d’aujourd’hui, explique Baru sur un cartouche au mur. Avant les gens travaillaient et leurs enfants aussi. Aujourd’hui on a repoussé ces ghettos de chômeurs et de miséreux à la périphérie des villes, comme des ordures dont on se débarrasse. Les banlieues, des zones habitées par des gens humiliés, désespérés, qui ne trouvent plus la voie royale de la reconnaissance. »

L’exposition débute par un film en noir et blanc, montrant l’aciérie et ses travailleurs. On passe d’une usine géante représentée sur des panneaux à des planches de Quéquettes blues ou des Années Spoutnik. Pour restituer l’esprit bistrot, un juke box diffuse des tubes de rockeurs d’avant les années 1960. Un baby-foot et un flipper – où s’agglomèrent des écoliers – achèvent de rendre l’espace cosy. Non loin, des planches de La Piscine de Micheville avoisine un Hommage à Coluche. L’oeil est attiré par un immense panneau assez fascinant, compilant les pages en noir et blanc de L’Autoroute du soleil.

Dans une petite salle est diffusé Génération Baru, un film captivant de Jean-Luc Muller. Le réalisateur suit l’auteur dans son village, sur les traces des personnages de ses albums, au milieu de ses amis d’enfance. On s’arrache à ce voyage dans le temps pour pénétrer dans l’univers de L’Enragé. Autour d’un écran, montrant un boxeur en action, des agrandissements des crayonnés de Baru, et des planches en couleur tirées du livre. De quoi capter le côté brut et animal du travail de l’artiste.

La visite se termine par des extraits de Pauvres Zhéros et de Fais péter les basses, Bruno!, et un hommage de Baru aux artistes qu’il admire: des travaux de Christian Lax, Jean-Christophe Chauzy, Manu Larcenet, Etienne Davodeau et Igort sont étalées dans une vitrine circulaire. En guise de clin d’oeil, Baru a représenté ses collègues sur une grande toile. Malgré un éclairage modéré et très ciblé, qui la rend assez sombre, cette exposition se révèle engagée et vibrante. A l’image de l’oeuvre de son sujet.

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Images © BoDoï.

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