Angoulême 2012 : l’expo Art Spiegelman
Visite en photos de l’exposition Art Spiegelman du Festival d’Angoulême 2012, qui va bientôt s’installer à Paris.
Fournie, l’exposition rétrospective consacrée à l’auteur américain Art Spiegelman, installée au Centre international de la bande dessinée et de l’image, proposait de reparcourir l’ensemble de la carrière de ce dernier, de sa toute première planche de bande dessinée à ses plus récents travaux – nombre des productions données à voir figurent d’ailleurs dans les ouvrages recensés par le guide de lecture que Bodoï mettait en ligne, après l’attribution du précédent Grand Prix.
En pénétrant dans l’espace de l’exposition, le visiteur est tout d’abord saisi par la pénombre ambiante, que l’on pourrait se risquer à interpréter comme étant le reflet de la relative noirceur ayant toujours accompagné l’auteur et ses productions – y compris celles destinées à la jeunesse. Les œuvres et documents divers (affiches, magazines, cartes à collectionner, objets…) sont parfaitement éclairés et mis en valeur, même si prendre des photos de l’ensemble s’avère quelquefois délicat !
Les premières salles sont l’occasion pour le visiteur de (re)découvrir les premiers travaux de celui qui officia longtemps dans la presse underground, née dans le sillage du magazine Mad d’Harvey Kurtzman – la récente et fort recommandable édition de Breakdowns, portrait de l’artiste en jeune %@&* ! en regroupe d’ailleurs une bonne partie. Non loin de l’entrée, sont aussi présentées (et l’on ne peut que s’en réjouir) les réalisations de Spiegelman et son équipe, lorsque celui-ci travaillait (quelque vingt années durant !) pour le compte de l’entreprise Topps, fabricante de chewing-gums et cartes à collectionner. Sur les murs ou dans des vitrines, sont présentés quelques-uns de ses hilarants Wacky Packages, de ses inquiétants Garbage Pail Kids (connus en France sous le nom de Crados), ainsi que ses fameux Garbage Candies, des bonbons-détritus, proposés dans un emballage en forme de poubelle…
La salle suivante coupe quant à elle toute envie de rire. Dédiée à Maus, chef-d’oeuvre incontesté de l’auteur, elle a des allures de mémorial. Les planches originales de l’ouvrage plusieurs fois récompensé, ainsi que leurs esquisses préparatoires, y sont alignées à hauteur d’yeux. Dans des vitrines, quelques documents, comme le passeport de sa mère d’origine polonaise, sont disposés. Plus loin, il est fait allusion à la remarquable entreprise que fut Raw, la légendaire revue de bande dessinée d’avant-garde créée par Spiegelman et sa femme Françoise Mouly, qui établissait notamment des ponts entre les auteurs américains et européens, en publiant des artistes jusqu’alors inconnus outre-Atlantique. Si les magazines originaux sont exposés sous verre, inaccessibles, des diaporamas défilent sur des écrans, permettant de visualiser le contenu de ces publications devenues rarissimes.
Enfin, les autres salles présentent quelques-uns des travaux réalisés par Spiegelman, que ce soit des bandes dessinées, comme A l’ombre des tours mortes, des planches destinées à la jeunesse ou encore d’autres, inédites en France, ou des illustrations, comme celles réalisées pour le New Yorker, ou pour des couvertures de livres. Sobre, pour ne pas dire austère, cette exposition rétrospective a l’immense mérite de dresser un large panel des réalisations de l’auteur, que l’on aurait bien tort de ne réduire qu’à Maus… même si, expérimentations graphiques et défrichage éditorial mis à part, l’ouvrage en question demeure nettement son grand’œuvre.
A noter que cette exposition rétrospective s’installera à Paris, du 21 mars au 21 mai 2012, à la bibliothèque du Centre Pompidou. Enfin, pour rester à Angoulême, on peut toujours visiter le « musée privé » de Art Spiegelman, jusqu’au 6 mai, au Musée de la bande dessinée..
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