Angoulême 2014 : l’expo Mafalda
Elle est née d’une commande publicitaire d’une marque d’électroménager. Mafalda, héroïne du dessinateur argentin Quino, fête cette année ses cinquante ans à Angoulême.
« Le personnage principal devait être un enfant dont le patronyme évoquerait la marque Mansfield, tandis que sa famille s’occuperait à des gestes quotidiens : ouvrir le frigo, faire la cuisine… J’ai donc donné à cette petite fille une apparence très typée, avec une coiffure laide, qui permettait toutefois qu’on la reconnaisse aisément de gag en gag. Mais la marque ne fut jamais commercialisée. » Ainsi l’artiste explique-t-il la naissance de sa créature, qui s’épanouit ensuite loin de toute visée promotionnelle.
Entre 1964 et 1973, la mouflette (âgée d’entre 6 et 8 ans, selon l’auteur aujourd’hui octogénaire) se mêle de tout. Malgré un graphisme attractif pour le jeune public, ses « aventures », inspirées de Peanuts de Charles Schulz, font plutôt sens pour les adultes. Car le propos de Mafalda est éminemment politique et social : à travers ses considérations sur la soupe que prépare sa mère (que la gamine méprise un peu quand elle s’adonne à des tâches ménagères), les graines que son père veut faire germer, ou le téléviseur qu’elle réclame à corps et à cris, elle exprime les attentes et frustrations d’un pays qui voit la fin du régime de Juan Peron. L’oeuvre phare de Quino est joliment mise en scène à Angoulême. Avec des installations ludiques, des gags reproduits en version originale (et traduits, en-dessous) et quelques éléments de contextualisation. Une balade éclairante dans l’univers d’une fillette bien mûre pour son âge.
Images © BoDoï.
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