Angoulême 2014: l’expo Tardi
C’est sans doute LA grande exposition du 41e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Ouvrant les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, l’expo « Tardi et la Grande Guerre » se pose comme une plongée dans le travail fouillé, quasi obsessionnel de Jacques Tardi sur l’horreur de 14-18.
Dans un dédale de cloisons de bois, le visiteur est immédiatement immergé dans l’enfer des tranchées. Pour découvrir l’intégralité des dessins originaux, noir et blanc et couleur en vis-à-vis, de son ouvrage Putain de guerre!. Des images terribles du quotidien des poilus, de corps eventrés ou gazés, des cadavres pourrissant dans des trous d’obus. Mais aussi des passages documentés sur la stratégie militaire, ou poignants sur le sort réservé aux « mauvais patriotes », et bien sûr aux gueules cassées.
Face à ces dessins en format panoramique, à ces gris boueux ou ces gerbes de sang écarlates, la traversée est éreintante. Le dessin de Tardi est saisissant, précis, documentaire, mais aussi débordant d’émotion. Mais, mis à part un film où l’on voit l’auteur au travail, épluchant son abondante documentation pour composer des cases justes et puissantes, il manque à la visite quelques éclairages sur la démarche de Tardi et sa façon de travailler. Une présentation de ses outils de dessinateur et ouvrages de référence, des photos à partir desquelles il dessine, fait défaut. Une partie de son monde, en somme. On doit se contenter du résultat qui, il est vrai, peut se suffire à lui-même. Mais on aurait aimé en savoir un peu plus sur l’homme derrière l’oeuvre….
L’exposition se referme sur un petit cimetière, pour enfoncer le clou, et sur des planches de C’était la guerre des tranchées, autre ouvrage majeur de Tardi sur 14-18, et est complété d’illustrations sur le même thème. En ressortant, on ne peut que s’exclamer avec l’auteur: putain de guerre!
Photos © BoDoï
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