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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 24, 2024















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Angoulême 2015 : la marche des auteurs

3 février 2015 |

Samedi, au plus fort du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, des centaines de professionnels (scénaristes, coloristes, dessinateurs…) ont répondu à l’appel du syndicat des auteurs de bande dessinée et ont débrayé le temps d’une  marche. Il s’agissait de répondre de manière forte et visible à la réforme prochaine du régime de retraite complémentaire des auteurs (RAAP). Déjà touchés par l’effritement de leur salaire et de leurs conditions de travail, ils se verraient forcés de verser l’équivalent d’un mois de rémunération à la caisse nationale des auteurs.

 

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En tête, tenant la banderole « Sans auteurs, plus de bande dessinée, les auteurs plus qu’à poil », Fabien Vehlmann, Denis Bajram, Pénélope Bagieu, Marion Montaigne, Christophe Arleston, Fabrice Neaud, Lewis Trondheim, Boulet ou Etienne Davodeau. Ils sont suivis de près de 500 marcheurs : des auteurs beaucoup, mais aussi des « lecteurs solidaires » et quelques éditeurs… L’ambiance est détendue, les blagues potaches fusent — « CRS = tendresse », « À poil les auteurs ! » —, mais le cortège est discipliné et les pancartes « sans auteurs, pas de bande dessinée » rappellent l’urgence de la situation.

Pour le scénariste Hervé Pauvert, la réforme des retraites est « la goutte d’eau » après des marche 5années d’accroissement des difficultés. Il se dit « touché au premier chef », car son épouse est dessinatrice et travaille avec lui : « une autre activité professionnelle m’est indispensable. » Il se réjouit par ailleurs de l’ouverture des États généraux de la bande dessinée « afin d’engager une véritable réflexion commune, y compris avec les éditeurs, au-delà des réflexes corporatistes, dans un esprit de concertation et de dialogue ».

Le manque de dialogue avec les représentants du RAAP est également dénoncé par Angélique Césano, coloriste, très concernée par la dégradation des conditions de travail : « Le nombre de titres augmente, mais pas celui des lecteurs… On nous en demande de plus en plus, dans des délais très courts, et les coloristes ne touchent pas de droits d’auteur. Si je ne gagne plus assez, je ne peux pas exercer une autre activité pour compenser, le métier de coloriste est à temps plein ! » Pour elle, « la réforme du RAAP ne prend pas en compte la spécificité des professionnels de la bande dessinée et nous le ressentons comme une forme de mépris ». Cette marche est une façon « d’avoir une visibilité, de ne pas rester dans son coin, car nous sommes des professions assez solitaires, voire individualistes ». Angélique Césano est actuellement en pleine démarche de reconversion…

 

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La marche  se termine à l’hôtel de ville, où le scénariste Fabien Vehlmann clôt la manifestation  par un discours. Il évoque avec émotion la mémoire des confrères assassinés de Charlie Hebdo et conclut à l’importance de son métier « puisque certains tuent pour des dessins et que d’autres se déplacent par milliers pour défendre la liberté de dessiner ». Il évoque ensuite « la colère suite à l’annonce de la réforme du RAAP » et par-dessus tout le manque de concertation autour de cette réforme. Suite au dialogue avorté avec les représentants du RAAP, il en appelle au président de la République afin d’ouvrir les négociations avec les « vraies organisations représentatives des auteurs de BD ». La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, venue dimanche en clôture du festival, a annoncé le lancement d’une étude sur la situation sociale des auteurs de bandes dessinées et a indiqué « avoir écrit aux responsables des régimes complémentaires pour rouvrir les discussions ». Les derniers mots de Fabien Vehlmann résonnent encore comme un avertissement : « Nous resterons attentifs et mobilisés ! »

 

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Photos © BoDoï.

 

 

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