« Il y a eu l’attentat, le sang versé, les morts, les blessés. Il y a eu la sidération, l’effroi, l’incompréhension, la colère, les larmes. Il y a eu le sursaut, la solidarité « Je suis Charlie ». Vient maintenant le temps du recueillement, du deuil, de la mémoire et de la réflexion. » Pas simple d’imaginer une exposition autour de l’hebdo martyrisé. Jean-Pierre Mercier, conseiller scientifique à la Cité de la BD à Angoulême, a tenté de résoudre cette équation, en quelques jours seulement.

Il rend hommage aux dessinateurs assassinés, mais pas seulement. Plutôt simple, intelligente et très peu bavarde, l’expo montre les prémices de Charlie (Hara-Kiri, La Grosse Bertha….). Puis, à travers de très nombreuses couvertures, elle tente de raconter l’esprit frondeur de l’hebdo. Avec un but clair : « faire découvrir que, loin d’être focalisés sur la seule question religieuse, les membres de Charlie Hebdo se sont constamment élevés contre la censure, contre les privilèges exorbitants de l’armée des hommes politiques, des médias. Que ces paillards volontiers machos se sont battus pour la contraception, le droit à l’avortement, la libération des femmes. Qu’ils ont été à l’avant-garde de l’écologie. (…) ». Et que leurs dessins à la fois joyeux, rustres, vulgaires, décapants, lourdauds, pertinents, militants, sont de salubrité publique.

Photos © BoDoï