Angoulême 2017 : l’expo Kazuo Kamimura
C’est une des plus belles expositions du 44e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême : Kazuo Kamimura, l’estampiste du manga.
Il a eu une carrière aussi brillante que fulgurante. Né en 1940, Kazuo Kamimura démarre dans le manga à l’âge de 26 ans, après avoir travaillé dans la publicité. D’abord assistant, de Tezuka, il rapidement les rênes de son oeuvre, en même temps que le genre gekiga émerge – un type de manga pour adulte, grave et psychologique. Parmi ses oeuvres phares traduites en France : Lorsque nous vivons ensemble, Lady Snowblood, Le Fleuve Shinano, Maria, Le Cub des divorcés (en sélection patrimoine cette année).
Bourreau de travail, il pouvait – avec ses assistants auxquels il laissait une grande liberté de création dans les décors et les ambiances – produire jusqu’à 450 pages de mangas par mois ! Mais s’il passait ses journées à travailler, il avait aussi une active vie nocturne, entre femmes et alcool. Il s’éteindra prématurément, en 1986. « Il brûlait la vie par les deux bouts », rappelle la sobre et classieuse exposition installée au Musée d’Angoulême, qui réunit (et c’est toujours rare avec les oeuvres japonaises) près de 150 originaux. Une expo organisée par thématiques (les fleurs, l’éros, la vengeance, la mode…), où l’on peut apprécier de près un trait d’une vraie grâce et d’une belle gravité, concentré sur des portraits de femmes loin des clichés de la bande dessinée classique. Dans une ambiance douce, bercée par la musique romantique de vieilles chansons japonaises, on plonge dans le Japon des années 70, dans des histoires douloureuses et parfois violentes, des récits doux-amers. Tous portés par le regard troublant des femmes de Kamimura, à la fois fortes et fragiles, parmi les plus beaux personnages féminins de la bande dessinée mondiale.
Dessins © Kazuo Kamimura – Photos © BoDoï
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