Angoulême 2018 : l’expo Alix
Sous-titrée « l’art de Jacques Martin », l’exposition Alix est la grande exposition patrimoniale du 45e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.
Le Musée de la bande dessinée d’Angoulême nous avait habitués à des expositions spectaculaires et passionnantes ces dernières années, sur les Moomin, Morris ou Will Eisner. Hélas, l’édition 2018, au fond historique très riche, ne se hisse pas à leur niveau en termes de scénographie, d’ambiance et de structure.
En effet, sous une lumière blanche agréable pour les yeux, se dresse un décor minimaliste, cloisons blanches majoritairement et vagues tentures rouges. On attendait Rome, on a… Angoulême. Passé cette première impression un peu décevante mais pas rédhibitoire, on se plonge dans l’oeuvre de Jacques Martin, à travers des dizaines de planches originales tirées pour la plupart de la collection des héritiers de l’auteur ou de collections privées. Où l’on découvre un jeune dessinateur laborieux et tâtonnant, formé au dessin industriel et à la perspective réaliste, qui décide d’abandonner sa passion pour l’écriture théâtrale pour gagner Bruxelles et vivre de la bande dessinée.
Hergé l’inspire énormément, puis ce sera Jacobs (ce dernier lui reprochera d’ailleurs de trop le copier, dans des lettres qui sont présentées dans l’expo – un grand moment). Mais c’est bien son idée originale de créer une série antique avec un jeune héros intrépide qui va assurer son succès. Gros point positif de l’exposition : redécouvrir le trait de Jacques Martin et apprécier son évolution au fil de quatre décennies d’albums, et se rappeler de l’influence de la peinture sur ses compositions. Malgré une certaine monotonie dans l’enchaînement, on discerne nettement l’affirmation de l’encrage, les progrès dans l’anatomie et les expressions (dans un style toujours assez raide), les idées de mise en scène.
Organisé par thématiques (Rome, le fantastique, la Grèce fantasmée, l’homoérotisme…), l’expo propose un déroulé parfois un peu confus, pas vraiment éclairé par des textes trop abondants. Dès lors, les panneaux scientifiques de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, aussi intéressants soient-ils, paraissent de trop. Enfin l’irruption de planches de Lefranc au milieu est difficile à saisir (le goût pour le mystère et le fantastique, visiblement…). Au final, en termes de bande dessinée pure, cette expo Alix est plutôt intéressante. Mais elle a voulu être aussi une exposition sur Rome (voir la grande maquette au centre) et sa représentation, et ça faisait sans doute beaucoup…
Photos © BoDoï
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