Angoulême 2019 : ce que l’on sait déjà
À la veille de la conférence de presse du 46e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, qui révélera les nommés dans ses différentes sélections, voici ce qu’on sait déjà sur le contenu de l’édition 2019, qui se déroulera du 24 au 27 janvier.
Une des grandes nouveautés de l’année, en termes de communication surtout, c’est l’affiche. Ou plutôt les affiches. En effet, le 46e Festival d’Angoulême a demandé à trois des auteurs qui y seront honorés de produire une affiche, avec pour sujet l’autoportrait de l’auteur enfant découvrant sa vocation pour la BD. Pendant 5 ans, trois artistes de nationalité différentes se verront confier cette mission, et l’ensemble des images produites seront montrées lors d’une exposition pour les 50 ans du festival. Cette année, ce sont Richard Corben (Grand Prix 2018), Bernadette Després (créatrice de Tom-Tom et Nana) et Taiyo Matsumoto (mangaka auteur d’Amer béton, Zero, Sunny, Les Chats du Louvre…) qui se sont prêtés au jeu.
Les trois expos incontournables
Ces trois artistes-là seront au centre l’attention pour cette 46e édition, car des expositions leur sont consacrées. Richard Corben est l’auteur de quelque 5000 pages de bande dessinée et de centaines d’illustrations, souvent dans les genres horreur, SF ou fantastique. Grâce aux prêts d’originaux de la part de nombreux collectionneurs, le FIBD montrera le travail d’un créateur à l’audace formelle impressionnante, aux techniques variées et sans cesse renouvelées, que Moebius surnommait « Mozart ».
« Tom-Tom et Nana présentent : Tout Bernadette Després. » C’est ainsi que s’intitule l’exposition dédiée à l’oeuvre de la dessinatrice d’une série qui a bercé plusieurs générations d’enfants, écrite avec Jacqueline Cohen puis Évelyne Reberg . Quarante ans après leur naissance, les héros de Bernadette Després accueilleront les visiteurs dans une exposition annoncée comme ludique et attachante, qui présentera l’univers de l’auteure ainsi que des oeuvres inédites.
Né en 1967, Taiyo Matsumoto aura droit à une rétrospective de ses 30 ans de mangas, avec quelque 200 oeuvres, autour du thème « dessiner l’enfance ». Car d’Amer Béton à Sunny, le travail de cet auteur atypique tourne souvent autour des gamins et de la violence dont ils peuvent être victimes, de la part d’autres enfants, des adultes, de la société moderne. Après les épatantes expositions Tezuka et Urasawa l’an dernier, on a confiance dans le fait que cette nouvelle rétrospective autour d’un mangaka d’exception sera de haut niveau.
Une ouverture internationale affirmée
Côté manga encore, un axe de développement fortement affirmé par le Festival et son directeur artistique Stéphane Beaujean, on pourra aussi visiter une exposition dédiée à Tsutomu Nihei, « qui fascine le public occidental par la démesure de ses univers et par l’hybridité de son dessin, suspendu entre les codes du manga et des influences plus occidentales », dixit le FIBD. Ses oeuvres sont des références de la SF nipponne : BLAME!, Knights of Sidonia, et Aposimz. Le mangaka sera présent pour une masterclass et des dédicaces. Par ailleurs, Kentarō Satō, l’auteur de la célèbre série Magical Girl of the End et de Magical Girl Site, est annoncé pour une rencontre internationale.
Les comics ne seront pas en reste, avec une événement célébrant les 80 ans d’un des plus grands super-héros de l’histoire de la BD : Batman. Annoncée comme « immersive, ludique et tous publics », cette exposition, présentée à l’Alpha (médiathèque du Grand Angoulême) et conçue avec DC Comics, Warner et Urban Comics, arpentera les « lieux cultes » de ce personnage créé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger.
Le Festival ira aussi faire un tour en Israël, en compagnie de l’auteure Rutu Modan, récompensée par deux fois à Angoulême, pour les excellents Exit Wounds (2008) et La Propriété (2014). Le trait fin, l’humour acide et le goût pour des mises en scène théâtrales de cette auteure née en 1966 seront mis en lumière au sein d’une exposition intitulée « un théâtre tragi-comique ».
Enfin, c’est un des dessinateurs italiens les plus connus en France et dans le monde: Milo Manara est honoré d’une rétrospective balayant ses 50 ans de carrière. Cet « itinéraire d’un maestro de Pratt au Caravage », c’est-à-dire de sa rencontre déterminante avec le créateur de Corto Maltese jusqu’à sa récente biographie en BD du peintre, en passant bien sûr par ses albums érotiques et sa collaboration avec le cinéaste Federico Fellini, s’articulera autour de quelque 150 planches originales et documents rares ou inédits.
Et les Français ?
Jean Harambat a été couronné du Prix René Goscinny l’an dernier. Une exposition lui sera donc consacrée, baptisée « Aller-retour » pour mieux signifier les mouvements incessants de son oeuvre (En même temps que la jeunesse, Hermiston, Ulysse les chants du retour, Opération Copperhead), entre intime et grand récits mythologiques, drame et humour caustique, contrées lointaines et racines landaises.
Autre auteur récompensé l’an dernier : Jérémie Moreau, Fauve d’or pour La Saga de Grimr, est un habitué du Festival d’Angoulême puisqu’il avait été lauréat du Prix de la BD scolaire et du Prix Jeunes Talents. Le FIBD lui ouvre à nouveau grand ses portes pour dévoiler son travail, du Singe de Hartlepool à Tempête au haras, en passant par Max Winson et sa grande saga préhistorique à venir…
Enfin, le lauréat du Prix de la BD alternative 2018, la revue engagée Bien Monsieur. présentera une exposition originale. Et l’association ChiFouMi installera dans le cadre du Festival son événement Pierre Feuille Ciseaux, laboratoire de bande dessinée fondé sur le travail collectif, en résidence et expérimental. Exposition, rencontres, ateliers, montreront la richesse des réflexions et productions de dix années d’expériences visuelles et narratives, avec la présence d’auteurs du monde entier.
Images © Matsumoto/9e Art+ – Glénat – DC COMICS/URBAN COMICS – Jérémie Moreau/Delcourt
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