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2 Comments

Angoulême 2019: pronostic pour un palmarès

21 janvier 2019 |

Le palmarès du 46e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême sera dévoilé samedi 25 janvier. Qui succédera à La Saga de Grimr en tant que Fauve d’or ? Et qui raflera les autres prix tant convoités ? Tentative de pronostic au sein d’une sélection officielle riche et variée.

Le Prince et la Couturiere CouvLe Fauve jeunesse est toujours un des plus délicats à prédire, car c’est un jury d’enfants qui désigne le lauréat. Et bien malin qui pourrait se mettre dans la tête d’un enfant et encore plus dans la tête d’un groupe d’enfants… Au sein de la liste des dix titres sélectionnés, BoDoï a eu plusieurs coups de coeur : côté série, L’Atelier des sorciers tient la corde ; côté enfance, Crevette est notre BD jeunesse préférée de 2018 ; et si on avance un peu en âge, Le Prince et la couturière a tout ce qu’il faut pour séduire – de la romance, un message progressiste et moderne, un dessin dans l’air du temps. On mettra une petite pièce sur cette BD américaine traduite par Akileos.

gramercy_park_couvPour le Fauve polar SNCF, la liste des nommés est plus réduite et le jury à part. Même si Kill my mother a tout d’une grande oeuvre, le plus classique mais léché Gramercy Park a le profil du candidat idéal : un graphisme élégant, un texte ciselé, un charme magnétique (et des auteurs français, ce qui facilite la communication autour de ce prix…). Mais le jury a souvent surpris pour ce Fauve (voir par exemple l’an dernier avec Jean-Doux et le mystère de la disquette molle), alors…

Attention, pas de Prix du public cette année, faute de sponsor. Dommage, il permettait souvent d’enrichir le palmarès d’une oeuvre fédératrice et sans doute un poil plus « grand public » (Marion Montaigne l’a obtenu deux fois, par exemple).

COUV Ide e APLAT HD IMP_Mise en page 1Ensuite viennent les prix attribués par le Grand Jury, présidé par l’auteure Dominique Goblet. À commencer par le Fauve patrimoine. Compétition relevée, avec des albums importants pour célébrer l’histoire du 9e art dans sa diversité. Le pionnier Gustave Doré l’emportera-t-il avec ses Travaux d’Hercule chez 2024 ? Ou le poème politique muet Idée de Frans Masereel ? Ce choix-là semble audacieux mais plausible.

Côté Prix de la série, les candidats ne sont pas si nombreux. Si on regarde les séries déjà avancées (à partir de 3 tomes publiés), il n’y a que Théodore Poussin, L’Arabe du futur (déjà lauréat du Fauve d’or en 2015) et les mangas Blue Giant, Pline, Saltiness et Wonderland. Alors, entre la saga classique de Franck Le Gall ou le road-trip atypique développé dans Saltiness, que choisira le jury ? Jérôme Briot, libraire et ardent défenseur du manga (il coordonne le Prix Asie ACBD), étant membre du jury, on miserait volontiers sur une série asiatique…

ted_couvLe Prix Révélation récompense un auteur en début de parcours artistique (pas plus de 3 BD publiées). Les candidats crédibles sont nombreux : Nina Bunjevac (Bezimena), Tom Haugomat (À travers), Joff Winterheart (Courtes distances), Emilie Gleason (Ted drôle de coco), Hafdan Pisket (Dankser), Nicolas Pétrimaux (Il faut flinguer Ramirez), Francesco Cattani (Lune du matin), Anna Haifisch (The Artist), Alex W. Inker (Servir le peuple). Grosse concurrence ! Choisissons tout de même deux favoris : Ted drôle de coco et Courtes distances.

moi-ce-que-j'aime-cest-les-monstres_couvEnfin, penchons-nous sur le Prix spécial du jury et le Fauve d’or du meilleur album. Pourquoi les deux en même temps ? Parce que cette année, il n’y a plus de « short list » de dix albums en lice pour le Fauve d’or – cette opération, censée aider les libraires et autres prescripteurs à mieux communiquer sur la sélection du Festival n’a, semble-t-il, pas porté ses fruits. Ces deux prix représentent les coups de coeur du jury, les albums censé symboliser ses choix les plus nets au sein d’une sélection aux multiples possibilités. Et relevée. Pronostiquons donc que si l’un de nos favoris au Fauve d’or ne le décroche pas, il fera un bon candidat au Prix spécial du jury – et inversement.

L’an dernier, nous avions analysé les précédents palmarès pour en tirer un « portrait robot » du candidat idéal au Fauve d’or. C’est La Saga de Grimr qui faisait office d’album « modèle ». Et qui l’avait emporté au final. S’il on répétait l’exercice, il faudrait dénicher un album français, réalisé par un auteur complet mâle, publié par Dargaud ou Delcourt, et plutôt un récit portant un questionnement intime. Comme Malaterre cette année, ou le nouveau Spirou d’Emile Bravo, ou Ailefroide en élargissant un peu. Mais avec une personnalité aussi forte et exigeante que Dominique Goblet à la présidence du jury, on peut imaginer un choix plus inattendu et pointu, comme quand Posy Simmonds avait remis le Fauve d’or à Paysage après la bataille (2017) ou Antonin Baudry à Ici de Richard McGuire (2016).

heimat_couvDès lors, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris, fait forcément figure de favori. Plébiscité par la presse et les critiques (Grand Prix ACBD 2019, BD préférée de BoDoï 2018), mais aussi par les libraires généralistes, voilà un album hors norme, puissant et très personnel, au graphisme impressionnant. On le voit bien décrocher le Prix spécial du jury, laissant la place du Fauve d’or à un album plus confidentiel mais pas moins fort. Un autre album américain par exemple, porteur d’un questionnement intime, livré sous la forme d’un carnet illustré, donc là aussi, loin de la BD classique : Heimat, de Nora Krug. Très peu de femmes ont décroché le Fauve d’or : ce serait l’année ou jamais, non?

Et pour un outsider, on pourrait miser sur le Pittsburgh de Frank Santoro, là encore oeuvre intime au graphisme loin des canons de la BD. Ou alors il serait à piocher parmi les oeuvres de jeunes auteurs citées plus haut, qui constituent les bandes dessinées les plus singulières de l’année écoulée.

Mais bon, tout cela n’est évidemment que pure spéculation (même si, attention autopromo, l’an dernier, nous avions cité dans notre pronostic tous les albums du palmarès, sauf en jeunesse…). Et vous, quel est votre favori ?

 

Commentaires

  1. Jérôme Briot

    S’il est exact que je coordonne le Prix Asie de la Critique ACBD depuis 2011, je souhaite rappeler que ce prix a été créé à l’initiative de l’excellent Laurent Mélikian en 2007 😉

  2. Benjamin Roure

    pardon de l’erreur, je corrige illico !

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