Angoulême 2020 : l’expo Wallace Wood
Bienvenue dans « Les Mondes de Wallace Wood », une exposition large du travail de cet artisan surdoué des comics, qui s’est spécialisé dans les récits de guerre puis la science-fiction, et a oeuvré pour une meilleure reconnaissance des auteurs et de leur travail par les éditeurs. L’expo installée au Musée d’Angoulême, appuyée sur un grand nombre de planches originales, dont des récits courts complets, et de passionnants textes biographiques, lui rend un bel hommage.
Né en 1927, Wallace Wood passe par la marine marchande et débute dans la bande dessinée aux côtés de Will Eisner, pour lequel il réalise le lettrage du Spirit. Puis c’est la grande période EC Comics, pour qui il réalise des couvertures et des histoires de SF, de guerre, d’horreur. Très vite, son style réaliste et son goût pour la documentation et les détails s’affirment, en même temps que la recherche de la bonne technique et de l’efficacité – « quand vous êtes coincé, mettez du noir! ». On parle de lui comme un encreur brillant, et même comme un des meilleurs dessinateurs de BD de guerre, puis comme un maître de la science-fiction. Car le soin maniaque qu’il a pour représenter les décors, les costumes, le moindre petit objet de mondes futuristes, fait émerger le genre de sa tendance à la romance et à l’exagération. Les tableaux de bord pleins de boutons, les scaphandres à bulle, les tuyaux partout… c’est lui qui impose cette nouvelle esthétique.
Wally Wood a aussi envie de nouveautés, en permanence. Il participe à l’aventure de MAD Magazine avec Harvey Kurtzman, produisant d’épatante parodies. C’est lui aussi qui met au point précisément le costume de Daredevil, le temps d’une brève collaboration avec Stan Lee sur cette série pour Marvel : Wallace Wood partira fâché de cette maison qui exploitait les artistes pour des salaires de misère tout en conservant les droits sur leurs créations… Il joue ensuite le « mercenaire » sur des commandes pour DC, des couvertures ou de récits héroïques, puis fonde en 1966 un des premiers magazines de comics underground, Witzend, qu’il cède à un autre auteur au bout d’une poignée de numéros. Il participe au lancement de l’éphémère éditeur Tower Comics (avec T.H.U.N.D.E.R. Agents), imagine deux séries dominicales sexy (Cannon et Sally Forth), dessine des cartes à collectionner (il livre des dessins préparatoires aux cartes Mars Attacks!), illustre des romans, se lance dans un roman graphique d’heroic fantasy avec The Wizard King, prend un virage grivois voire assez hot sur la fin de sa carrière… Mais la santé de ce bourreau de travail souffrant de problème d’alcool décline, sa vue baisse, ses reins le lâchent. Il finit par mettre fin à ses jours en 1981.
Photos © BoDoï
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