Angoulême 2022 : l’expo Loo Hui Phang, écrire est un métier
Voilà une exposition militante, qui clame l’importance du rôle du scénariste. Loo Hui Phang (Black-Out, L’Odeur des garçons affamés, L’Art du chevalement…), déjà mise en avant à Angoulême en 2017, partage largement la lumière avec ses collègues : « les scénaristes sont des auteurs et des autrices complets », explique-t-elle en préambule, en référence au terme « auteur complet » utilisé le plus souvent uniquement pour les scénaristes-dessinateurs.
Après un hommage à René Goscinny et Jacques Lob, elle offre un « portrait de groupe », celui de trente-deux autrices et auteurs « de générations et d’horizons divers » — dont Pierre Christin, Emmanuel Guibert, Marguerite Abouet, Fabien Vehlmann, Anne Baraou… De grandes fiches techniques, suspendues dans l’espace Franquin, offrent des plongées détaillées et passionnantes dans les méthodes de travail de chacun, ainsi qu’une photo d’eux dans leur atelier (mention spéciale à celui, spectaculairement entouré de verdure, de l’Américain Neil Gaiman).
Ainsi, Gwen de Bonneval (Le Dernier Atlas) raconte peiner à entrer « de façon frontale en écriture », avoir besoin d’un « cheminement un peu long », et écrire « majoritairement dans le silence ». Marzena Sowa (Marzi), elle, se dit « très irrégulière et saccadée », et confie que son « meilleur moment de travail » a lieu « pendant les dix jours qui précèdent [s]es règles », se levant à 4h le matin pour profiter de cette « énergie créatrice ». Loo Hui Phang parsème ces récits de quelques commentaires informatifs ou malicieux. Et brandit des pancartes informatives aussi percutantes qu’elles sont colorées, rappelant la précarité économique des auteurs et autrices, et la nécessité de leur octroyer un statut.
Photos © BoDoï.
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