Angoulême 2022 : l’expo Shigeru Mizuki
Le 49e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême programme deux expositions consacrées à des oeuvres de mangakas, l’une contemporaine avec Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man, Look Back), l’autre patrimoniale avec Shigeru Mizuki. Le spécialiste des yokaï, récompensé à Angoulême avec le prix du meilleur album pour NonNonBâ en 2007 (seul manga à avoir décroché ce prestigieux prix, à ce jour), est ainsi honoré d’une belle exposition rétrospective, alors qu’il aurait eu 100 ans cette année.
Né en 1922 et décédé en 2015, Shigeru Mura dit Mizuki (en référence à une auberge ainsi dénommée qu’il a brièvement possédée) est un auteur atypique dans le paysage de la bande dessinée japonaise. En effet, il a démarré sur le tard, et son oeuvre s’est développée hors du genre n°1 qu’est le shônen, mais a tout de même pesé dans l’industrie du manga et dans l’imaginaire japonais.
Ainsi, revenu de la guerre dans le Pacifique avec un bras en moins et une expérience pour le moins traumatisante, qu’il racontera dans Opération Mort, il vit de petits boulots et cherche sa voie. Cultivé, amateur de littérature et doué pour le dessin, il se lance dans le kamishibai (théâtre de papier), avant de poursuivre dans la voie des récits pour le réseau des bibliothèques, puis dans l’industrie du manga, chaque fois en courant derrière les modes. Son style s’affirme peu à peu, passant du réalisme à l’humour, et à force de répéter les motifs, Shigeru Mizuki commence à trouver sa patte et son « système ». Le succès ne viendra qu’à la moitié des années 1960. Suivra alors une période de travail intense. Si intense qu’il fera un burn out au début des années 1970.
Entre ses fictions fantastiques, son goût pour l’horreur, ses récits historiques sur l’ère Showa, ce sont bien ses pages autobiographiques sur son expérience dans l’armée et ses mangas sur les monstres et autres yokaï qui resteront dans le panthéon japonais. D’ailleurs, la popularité de ces créatures folkloriques dans l’archipel lui doit énormément.
L’exposition d’Angoulême, la première consacrée à l’auteur hors du Japon, s’appuie sur un large inventaire de planches originales magnifiques et de reproductions de documents rares (esquisses, recherches, ébauches…), pour bien montrer l’évolution d’un style très personnel, souvent influencé par l’art et l’architecture du monde entier. Et elle se termine par une belle galerie de monstres ahurissants, hyper inventifs et superbement grattés.
Photos © BoDoï
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