Angoulême 2023 : l’expo Ryōichi Ikegami
Le 50e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême consacre une exposition inédite au dessinateur japonais Ryōichi Ikegami, à qui l’on doit notamment Sanctuary, Crying Freeman ou le récent Trillion Game.
Né en 1944, Ryōichi Ikegami démarre dans le manga dès 17 ans mais ne peut suivre d’études d’art et doit travailler comme peintre d’enseignes lumineuses. Assistant de Shigeru Mizuki, il côtoie Yoshiharu Tsuge, qu’il admire. Il est proche du magazine Garo, mais peine à convaincre avec ses histoires. Rapidement, autant par nécessité économique que par conviction artistique (on lui propose de travailler sur une adaptation de Spiderman qui ne l’emballe guère), Ryōichi Ikegami accepte de ne devenir « que » dessinateur, chargé de mettre en images les histoires des autres.
Et quel dessinateur ! C’est ce que montre l’exposition, qui rassemble un grand nombre de planches originales de Strain, Crying Freeman, Sanctuary, Heat… : Ryōichi Ikegami, qui est toujours actif dans l’industrie du manga à près de 80 ans, possède un style réaliste puissant, porté sur le corps et le mouvement, dans des compositions de pages d’une rare précision. Ses anatomies – musculeuses pour les hommes, plantureuses pour les femmes – créent des personnages séduisants et marquants, et lui ouvrent la voie à la création de formidables pleines pages et de dessins en couleurs, finalement assez rares dans le manga. L’auteur a aussi développé un sens de la décomposition du mouvement, particulièrement visible dans les scènes de combat de ses différents mangas. Guerre, polar, thriller politique, action sont les genres qu’il a le plus souvent explorés. Et dans lesquels il tourne autour de motifs récurrents, comme les tatouages, les larmes, les positions christiques… Une belle (re)découverte au fil d’une exposition riche de plus de 200 originaux.
Photos © BoDoi
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