Angoulême 2024 : l’expo Riad Sattouf
Comme chaque Grand Prix d’Angoulême, Riad Sattouf, lauréat 2023, est honoré au Festival international de la bande dessinée d’une exposition. Elle est intitulée : « Riad Sattouf – L’Arabe du futur, oeuvre monde ».
Après le portique où l’on entend Georges Brassens, l’espace s’ouvre sur une première partie consacrée à l’enfance de l’auteur et ses origines bretonnes et syriennes. De nombreux objets et photos d’époque, et même les panneaux sont décorés d’hermine et de motifs orientaux.
À l’initiative de la commissaire d’exposition Caroline Broué, cinq personnalités ont été invitées à s’exprimer sur L’Arabe du futur, des casques étant mis à disposition du public pour écouter leurs propos : Leyla Dakhli, historienne du monde arabe contemporain, l’autrice Leila Slilmani, la sociologue Monique Dagnaud, la journaliste spécialisée en pop culture Mathilde Serrel, ainsi que l’Académicien Pascal Ory. Saluant tour à tour la bi-culturalité de l’œuvre tout comme la place désormais angulaire de la série au sein du 9e art, héritière des feuilletons du XIXe siècle, ces éclairages demeurent intéressants, démontrant les ponts que L’Arabe du futur a pu établir entre de multiples disciplines.
De nombreux témoignages donc mais qui ne sauraient compenser le manque d’originaux présents. Certes, il y en a mais lorsque certaines expositions se targuent de présenter au public parfois plus de 100 planches, il paraît légitime de s’attendre à découvrir le travail d’un Grand prix de façon résolument approfondie. L’ambiance est là dans la seconde partie de l’exposition – Dans la tête de Riad – mais pourquoi utiliser simplement des impressions pour illustrer le passage d’un Riad ado à Riad Sattouf auteur de BD ? Car même si L’Arabe du futur est dessiné en numérique, d’autres documents pourraient éclairer le travail de l’auteur.
Et il en va de même dans la 3e partie consacrée, elle, au cinéma : de simples affiches de films le disputant à une interview de l’auteur dont la proximité avec celle de Vincent Lacoste ne permet d’entendre distinctement les propos de l’acteur des Beaux Gosses. En outre, la visite se ponctue aussi de références aux grands maitres – Gus Bofa, Blutch, Robert Crumb – mais aurait, elle aussi, pu être davantage étayée. Pourquoi, enfin, n’avoir pas plus creusé l’importance de Livret de Phamille de Jean-Christophe Menu, ouvrage ayant convaincu l’auteur de La Vie Secrète des jeunes à écrire sur le réel ?
Une exposition en demi-teinte, donc, car nul doute que le public aurait aimé en découvrir un peu plus sur cet auteur désormais culte.
Photos © BoDoï
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