Animabilis
Victor de Nelville, jeune journaliste français aux allures de héros romantique, débarque dans le Yorkshire, terre désolée de landes enneigées en cet hiver 1872. Il doit enquêter et raconter le mystère du retour du chien noir aux yeux rouges, messager de la mort, qui hante de nouveau les espaces brumeux du nord de l’Angleterre. Fin observateur, il s’immerge parmi les villageois, il s’imprègne des légendes séculaires, celtiques, runiques, druidiques… Rien ne le prépare cependant à sa rencontre avec Mëy, jeune femme aussi belle que mystérieuse, qui va bouleverser sa vie.
Thierry Murat (Etunwan, Le Vieil homme et la mer, Au vent mauvais, Les larmes de l’assassin) emprunte dans ce bel ouvrage à de nombreux héritages : celui du romantisme du XIXe dont il pourrait être un héros, celui de la poésie des grands auteurs du siècle, celui du combat entre rationalisme et ésotérisme, entre rationalisme et christianisme, entre christianisme et paganisme, etc. Cependant, l’auteur échappe au piège du mélange foutraque des influences, et livre une narration cohérente et séduisante, dominée par une ambiance poétique qui tient lieu de fil conducteur et crée une belle homogénéité.
Dans un univers monochrome, ou presque, tout semble dilué dans les brumes de la lande. Jusqu’aux contours des visages. C’est envoûtant et émouvant, c’est sombre et parsemé d’éclairs lumineux, comme lors de ces rencontres avec la belle Mëy. Débutant comme Le Chien des Baskerville et se terminant comme un poème de Rimbaud, Animabilis est une belle bande dessinée, singulier et onirique.
Publiez un commentaire