Animal’z ****
Par Enki Bilal. Casterman, 18 €, le 11 mars 2009.
On l’attendait avec une certaine fébrilité, il faut le reconnaître. Un nouveau livre d’Enki Bilal, c’est pas tous les jours, et on se demandait bien ce qu’il pourrait livrer après la belle mais éreintante Tétralogie du Monstre. Le constat est pourtant simple: avec Animal’z, Enki Bilal vient de produire un nouveau chef d’oeuvre.
L’histoire se déroule dans un futur non-précisé. La Terre a subi le « Coup de sang », un dérèglement climatique global et terrifiant: la planète semble s’être désaxée, les mers ont monté et les hommes, enfin ceux qui restent, tentent de rejoindre d’hypothétiques terre habitables. L’eau potable s’est raréfiée, de même que les moyens de transport. L’espèce humaine est également à un tournant: les avancées scientifiques permettent en effet à un petit nombre de nantis de muter, d’hybrider leur génome à celui d’animaux. Bienvenue dans un monde qui ne ressemble plus au nôtre. Enfin, pas si sûr…
Graphiquement, l’auteur de la Trilogie Nikopol privilégie toujours les grandes images et les cadrages cinématographiques, mettant ainsi en scène ses personnages dans de beaux décors vides et glacés. Plus de peinture, juste du crayon sur papier gris-bleu, pour un effet à la fois froid et organique, tout à fait réussi. Les hommes et les femmes sont ainsi considérablement mis en valeur, et Animal’z peut se lire comme un recueil de portraits d’humains dérivant vers un avenir improbable, mais qui n’est pas forcément l’enfer annoncé.
Dans cet album apocalyptique, Enki Bilal avance en effet sur un terrain de science-fiction documenté et passionnant. Outre l’arrière-fond de catastrophe écologique, ce qui fascine, ce sont ses hypothèses génétiques autour d’une nouvelle évolution de l’espèce humaine, qui trouverait son salut dans une voie plus animale. L’idée inquiète, mais elle est si majestueusement traitée ici, que la SF devient poésie. L’auteur revisite aussi le western avec ses personnages de duellistes-philosophes, chevauchant vers un suicide grandiloquent et métaphorique. Enki Bilal bouscule les genres et donne sa vision d’un monde qui se noie. Il s’approprie le présent, l’interroge, le triture, le rêve peut-être, et produit une bande dessinée originale sur le futur. Magistral.
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Très intéressant.
Maintenant et jusqu’à le 16 avril on peut visiter l’exposition “Tránsito” de Enki Bilal à Madrid. Transito est un project original à partir de un tableau qui est plein de personnages énigmatiques. Il y a six écrivains qui ont imaginé l’histoire de ces personnages du tableau.
Merci beaucoup. -
Très intéressant.
Maintenant et jusqu’à le 16 avril on peut visiter l’exposition “Tránsito” de Enki Bilal à Madrid. Transito est un project original à partir de un tableau qui est plein de personnages énigmatiques. Il y a six écrivains qui ont imaginé l’histoire de ces personnages du tableau.
Merci beaucoup.
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