Un chasseur tire un lapin et un lapereau sort de la dépouille. Une dame recueille un chien mais quelque chose ne fonctionne pas entre eux. Une femme rentrant de son marché se retrouve nez à nez avec un élan. Les histoires qui composent ce recueil mettent toutes en scène un récit d’intimité entre un homme et un animal où rien ne se passe comme d’habitude.

Cette plongée dans l’univers singulier de l’artiste finlandaise Eeva Meltio est déroutante et, de fait, passionnante. Les histoires sont à la fois simples, contemporaines et folkloriques. Les actions sont resserrées dans le temps et l’espace mais un souffle de fantaisie vient nous perturber et ouvrir le champs des interprétations. Pour enrichir sa lecture, on peut se rendre sur le site de l’artiste, où de petites chroniques BD racontent ses voyages à Klaskvik. Comme un indice sur la genèse de ces récits qui s’inscrivent sans doute dans la continuité des contes populaires de cette région.

Les dessins au graphite sont alternativement très léchés (voir les très belles têtes de chapitre) et minimalistes (personnages et décors des récits). Si l’aspect sombre et oppressant des situations fait penser à l’univers du cinéaste Aki Kaurismäki, les contrastes entre les noirs et les blancs, la douceur et la violence, les planches très découpées et les scènes picturales, composent une œuvre parfaitement aboutie. L’économie de moyens, dont la parcimonie des dialogues, densifie la portée symbolique des histoires. Peu de mots, beaucoup de sens. Peu de gaité, beaucoup d’humanité.