Annick Tamaire #1
L’humour, c’est très personnel. Nul doute, donc, qu’Annick Tamaire trouvera son public. Un public perdu quelque part entre une cour de récré de primaire (pour le pipi-caca), Bigard (pour le côté inutilement vulgaire non stop) et Happy Tree Friends (pour le coté ultra violent). Car avec Annick Tamaire, passé le plagiat/hommage à Nic Oumouk de Larcenet, Jonhatan Munoz (Un léger bruit dans le moteur, Godman) éparpille ses références et s’égare dans un univers ni complètement réaliste ni complètement fou.
Annick est une petite fille de dix ans, aigrie et violente, dont le père est au chômage et la mère au bord du divorce. Ses « amis » sont Momo, un demeuré sidaïque, et Stéphane, l’intello de la classe et fils de pute (mais comme c’est littéralement le fils d’une prostituée, c’est censé être drôle). Le lecteur est alors invité à découvrir leur petit monde au rythme d’un potentiel gag par page.
On sent bien la volonté de critique d’une réalité pesante et dure (misère sociale, maladie, inégalités, différences), mais le manque de finesse dans le traitement écrase toute velléité de réflexion sous un rouleau compresseur de « putain », de « bites » et de coups de latte dans les couilles.
De par leur vocabulaire, leur quotidien ou leurs réactions à des situations elles-mêmes peu crédibles, il est impossibilité de croire que les personnages sont véritablement des enfants et donc, de s’identifier un tant soit peu. Et ce, malgré un dessin efficace et expressif qui, pris seul, fonctionne à merveille. Tout le reste est soit trop soit pas assez, sans la subtilité nécessaire pour faire mouche. Surtout quand d’autres, plus talentueux dans leur mise en scène, ont déjà épuisé le filon (de Litteul Kevin à South Park, en passant par la Vie de Norman ou le Petit Spirou).
L’humour c’est très personnel, certes, mais si l’humour vous échappe, il ne reste alors qu’un immense malaise.
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