Annihilator
Ray Spass, scénariste recruté par Hollywood pour lancer une nouvelle franchise, est en plein doute. En panne d’inspiration, il se découvre en outre atteint d’une tumeur au cerveau. Début de la dégringolade façon dépression sous drogue et alcool. Mais voilà que le personnage principal de son scénario, Max Nomax, évadé de la station de recherche DIS, débarque dans son salon. Et lui confie la mission de se souvenir de son passé. Ray devra donc finir son histoire pour connaître la suite…
Voilà un scénario bien barré concocté par Grant Morrison, digne du mythe de Pygmalion. Un créateur et son invention pieds et poings liés par un scénario qui n’existe pas encore ! À eux le périple coincé entre fiction et réalité, traqués par un ordinateur et l’Annihilator dans une ambiance de messe noire et de lente autodestruction. Difficile à résumer, cet Annihilator, qui multiplie les mises en abîme, vous invite au grand spectacle hollywoodien sans sacrifier toutefois le visuel et la cohérence du scénario. Même s’il faut reconnaître que l’intrigue confine souvent au délire méta-discursif. Grant Morrison s’autorise ainsi de pures envolées mégalo dans un scénario qui part dans tous les sens. Les deux personnages principaux – Spass et Nomax – vont-ils échapper à l’Annihilator, comprendre qui ils sont à travers l’exploration du passé de chacun ?
L’impressionnante galerie de personnages secondaires (Vada, Bébézyeux-de-biche, Olympia, Jet Makro) s’agrège à un suspense halluciné, perdu entre Terminator et Las Vegas Parano ! Charisme de personnages bien creusés, rythme nerveux, chapitres courts, tout le savoir-faire de Morrison s’exprime dans cette cavalcade démente et plutôt amusante. Mais aussi une surenchère pompeuse et un texte très conscient de ses qualités.
Le visuel cinématographique signé Frazer Irving, lui, est splendide : de fins tableaux à chaque page, des portraits ultra-expressifs, qui ont presque pour effet de ralentir la narration. Mais ne boudons pas notre plaisir. Le scénario, fascinant et éreintant mais exploité à fond, tient la route jusqu’au bout quand le graphisme, quasiment photoréaliste, en met plein la rétine. Un comics avec des défauts mais aussi du caractère. Beaucoup même.
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